Plan sobriété : Une vraie démarche de sobriété
nous demande d’aller encore plus loin
Quelle que soit la porte d’entrée dans la sobriété, c’est aujourd’hui un incontournable de l’automne 2022. Nous avons d’ailleurs lancé le 1er octobre le mois des économies d’énergie pour susciter, accompagner et renforcer les démarches individuelles de sobriété énergétique. Le plan du gouvernement nous permet de rebondir sur un point important de la stratégie actuelle de sobriété : elle ne doit pas être seulement conjoncturelle, mais bien structurelle. Détails.
C’est lorsque la sobriété n’est plus une possibilité mais une nécessité que le gouvernement décide (enfin) de mettre en place un plan de sobriété pour faire face à l’hiver. Outre le fait non négligeable que nous sommes dans une perspective temporelle un peu courte, ce plan de sobriété ne semble pas être à la hauteur des enjeux énergétiques, climatiques et sociétaux. La sobriété doit devenir un projet de long terme, pas une simple passerelle vers le retour des beaux jours. Les actions proposées sont-elles suffisantes pour entamer une sobriété globale et réellement durable ?
De bonnes bases qui restent temporaires et insuffisantes
Le plan de sobriété présenté par le gouvernement au début de cet automne fait réagir de toute part, aussi bien dans le monde énergétique que dans le reste de la société. Chez Enercoop, nous y voyons une bonne impulsion, mais qui n’a pas encore l’ambition de s’inscrire dans la durée et dans le structurel.
Dans ce plan, des acteurs déjà engagés sur la sobriété, comme négaWatt ou le RAC, semblent avoir été entendus en partie, par le gouvernement. Mais en partie seulement. Le RAC (Réseau Action Climat) avait listé les 8 conditions pour faire un plan de sobriété juste et efficace. Pour eux, 4 de ces conditions sont partiellement remplies et 4 ne le sont pas : pas de lutte contre la précarité énergétique, pas de sobriété au-delà du simple domaine de l’énergie, pas de questionnement de nos modèles de consommation et pas de proposition pour une meilleure consommation. Retrouvez le détail du RAC à ce sujet.
Si certaines des recommandations représentent de réelles gisements d’économie d’énergie (limiter le chauffage à 19°, réduire la consommation d’eau chaude ou encore retarder la période de chauffe), elles sont visiblement pensées comme des remèdes passagers à un mal temporaire. L’objectif est ici de passer l’hiver sans coupure quand il faudrait enclencher une véritable transition durable en remettant en question nos modes de consommation et de production. Le manque d’accompagnement des citoyens, entreprises ou encore collectivités se fait sentir dans ce plan d’urgence. Comment accompagner les citoyens au-delà d’une simple démarche incitative pour les emmener dans un changement durable ? Aucune des mesures du plan n’est contraignante, ce qui les rend toutes assez hypothétiques et les moyens déployés pour les soutenir ne sont pas clairement identifiés.
Un besoin de mesures sociétales et contraignantes
En effet, pour l’instant tout repose sur la bonne volonté des particuliers, des entreprises et des agents publics, sans aucune mesure de suivi et sans remettre à plat les modes de fonctionnements collectifs et individuels qui nous ont conduit à la situation d’urgence climatique que nous connaissons.
Peu de mesures s’adressent directement à des points identifiés d’ébriété énergétique : le plan de sobriété est muet sur la rénovation efficace des passoires énergétiques et ne prévoit d’éteindre les panneaux lumineux que sporadiquement, entre 1h et 6h en cas de tension quand il faudrait s’en passer une fois pour toutes et arrêter la course au “produire plus” et “consommer plus”C
La mesure d’impact devraitt également être une figure centrale de ce plan. Il est indispensable de chiffrer ce que chaque action peut apporter en termes de sobriété et surtout les mesurer de façon quantitative à postériori : cela n’est pour l’instant pas prévu, en tout cas pas de façon obligatoire et systématique comme le souligne le RAC. Les experts de négaWatt ont eux proposé des actions de sobriété chiffrées pour permettre de comprendre l’impact de chacun de nos gestes.
Enfin, des mesures semblent se focaliser sur un seul type de sobriété, la sobriété de conjoncture : des conseils vont privilégier l’économie de carburant aux économies d’échelle de chauffage (faire du télétravail, par exemple, économise l’essence mais peut augmenter, s’il n’est pas bien organisé, les besoins de chauffage individuels). Ces actions de sobriété doivent donc répondre à des enjeux sur le long-terme, en pérennisant des mécanismes d’économies d’énergie tout en s’attaquant aux causes de cette ébriété énergétique, afin d’arrêter de ne réagir qu’au pied du mur, mais bien de ne plus s’y retrouver en repensant notre modèle énergétique dans son entier.
Sur ce dernier point, les équipes du CLER ont formulé des propositions pour une politique globale et cohérente pour réussir une transition énergétique démocratique, solidaire et ambitieuse.
Une vraie démarche de sobriété nous demande d’aller encore plus loin
Depuis maintenant 17 ans, nous parlons de sobriété énergétique, en nous appuyant notamment sur les travaux menés par les équipes de négaWatt. Ces outils permettent à nos clients - et toutes celles et ceux qui le veulent - d’agir à leur niveau et de réaliser des économies d’énergie.
Aujourd’hui plus que jamais, il est temps de changer d’échelle et d’associer ces gestes du quotidien à des actions plus structurelles et à long terme, comme la rénovation énergétique complète et performante. Cette dernière permettrait un bon en avant de la sobriété dans le secteur du bâti, mais aussi dans l’équité sociale, en aidant des millions de personnes à sortir de la précarité énergétique.
La sobriété doit être plus que la simple somme d’actions individuelles. Cela doit être un vrai engagement de la société dans son ensemble.
Pour aller plus loin :
- révisez les bases avec notre bwatt à outils
- passer la 2nde avec notre mois des économies d’énergies
- engagez-vous et réengagez-vous dans une démarche de sobriété plus globale avec PLus d’Actes Moins de Watts