Échanges sur l'agriPV
et inauguration du parc solaire de Bruguière (81)
Vendredi 15 novembre 2024, une quarantaine de personnes se sont retrouvés dans le cœur du village de Puybegon (81) pour partager une après-midi autour de l’agrivoltaïsme (agriPV). Habitants, habitantes, sociétaires, étudiantes, étudiants ou encore agriculteurs, tous et toutes étaient curieux d’en savoir plus et d’échanger sur les pratiques qui lient production photovoltaïque et agriculture, pratiques qui questionnent aussi notre coopérative. Nous avons inauguré le parc solaire de Bruguière situé dans l’exploitation agricole du même nom.
Dix jours sur l’énergie citoyenne
L’événement clôturait dix jours de fêtes autour de l’énergie locale, renouvelable et citoyenne dans le Tarn : les Journées Survoltées coorganisées avec Coop de So, Ecot 81, ECLR et Enercoop Midi-Pyrénées. Visites de site, ciné-débat, ateliers d’informations ont ponctué la semaine pour sensibiliser les habitant⋅es aux enjeux de la transition énergétique.
Un procès de l’agriPV mis en scène
Les participantes et participants ont pris le rôle des défenseurs et opposants de l’agriPV à travers un débat fictif. Les deux groupes se sont servis des pièces à conviction fournies pour préparer leur plaidoirie en explorant les enjeux environnementaux, économiques et éthiques de cette pratique. Un troisième, qui constituait le jury, à quant à lui définit les critères qui permettraient de juger les arguments et de rendre son verdict.
Les échanges sont allés bon train lors de la phase de préparation avant de tomber d’accord sur des arguments à exposer à l’assemblée.
Du côté des opposants fictifs de l'agriPV, les principaux arguments soulevés concernent l’impact potentiel du photovoltaïque sur la faune, ainsi que le risque que le complément de revenu issu de la production énergétique prenne le pas sur l’activité agricole principale, compromettant ainsi la vocation première des exploitations. Ils ont également pointé le manque de retour d’expérience démontrant clairement les bénéfices de l’agriPV, notamment en termes d’augmentation des rendements agricoles. Le risque de la transformation des exploitations pour accueillir des installations photovoltaïques, favorisant parfois l’élevage au détriment d’autres productions a aussi été mis en avant.
Face à ces critiques, les participant⋅es jouant la défense ont souligné des aspects positifs : la pérennisation des activités agricoles grâce au complément de revenu apporté par la location du terrain sur lequel est installé la centrale solaire, la possibilité de maintenir des exploitations à taille humaine, et la contribution à la résilience environnementale dans le cadre d’une transition énergétique indispensable. La défense a également insisté sur les opportunités de coopération entre différents acteurs dans le développement de ces projets, tout en rappelant la nécessité de respecter scrupuleusement les réglementations en vigueur pour garantir une mise en œuvre responsable et durable.
Le jury de ce faux procès a rendu un verdict en considérant comme primordiaux plusieurs arguments clés. Il met en avant l’importance de la production d’énergies renouvelables, qui répond à une nécessaire transition énergétique. Cependant, la production d’électricité doit impérativement s’articuler avec le maintien de l’exploitation agricole favorisant la création de synergies entre la production agricole et photovoltaïque. L’agriPV doit permettre le soutien des exploitations à taille humaine et adaptées aux spécificités des territoires. Les projets doivent ainsi servir à la fois les citoyens, les collectivités et les territoires, en étant portés par des structures à échelle humaine, telles que des coopératives, qui encouragent des espaces propices à une démocratie locale. Le jury insiste également sur la nécessité d’éviter toute concurrence entre les revenus agricoles et ceux générés par les loyers fonciers. Bien que le jury penche plutôt du côté de la défense, il appelle à une vigilance accrue concernant l’impact paysager, les montants des loyers, et les risques de spéculation foncière, pour garantir un équilibre durable et équitable.
Ce débat était l'occassion de faire discuter plusieurs point de vue dans un climat apaisé et garantissant la parole au plus grand nombre.
Du côté de notre coopérative, aucun positionnement sur l'agriPV n'existe aujourd'hui et un groupe de travail constitué de salariées, administrateurs et administratrices ainsi que de sociétaires bénévoles va plancher sur la question pour proposer au printemps une ligne à suivre sur ce sujet.
Un parc solaire sur le GAEC de Bruguière
Ce projet pionnier a été développé par Soleil Du Midi en partenariat avec deux agriculteurs locaux. Ils nous expliquent qu’à l'époque l'agrivoltaïsme n'était qu'une idée émergente. Une étude menée par des étudiantes de l'ENSEEIHT a montré les bénéfices potentiels pour l'exploitation agricole. Après un long développement et de nombreux défis, ce projet innovant a vu le jour, avant même l’apparition des décrets actuels sur l’agrivoltaïsme.
Le parc solaire s'étend sur 0,5 hectare au sein des 140 hectares du GAEC, Pascal Bernad, un des exploitant, présente la contribution du parc solaire à la production agricole en augmentant ses revenus et en facilitant leur travail. Il permet aussi aux brebis de pâturer en toute sécurité, tout en améliorant le bien-être animal. Ce projet incarne une complémentarité entre agriculture et énergie renouvelable, offrant des avantages économiques et pratiques pour les agriculteurs.
Le parc solaire produit 330 mégawatt-heures d’électricité renouvelable par an, soit l’équivalent de la consommation de 300 personnes (hors chauffage et eau chaude sanitaire). Cette production est vendue directement, pour 30 ans, à un tarif juste et équitable, au fournisseur d'électricité 100 % renouvelable Enercoop.
En savoir plus sur le parc solaire de Bruiguière
A la fin de la visite, le co-président de la coopérative a pris la parole pour rappeler le rôle d'Enercoop Midi-Pyénées dans la transition énergétique citoyenne. Nous avons branché la prise géante de l'énergie citoyenne avec les participantes et participants.