Livre Terre, Relier nos forces pour la préserver
de Isabelle Deval, cliente Enercoop en Bretagne
Isabelle Deval, originaire de notre belle région Bretagne, travaille aujourd'hui comme saisonnière chez un maraîcher bio non loin de chez elle. Cette femme soucieuse de l'environnement et de notre rapport à la consommation et de nos besoins, a publié un livre, Terre. Elle y retranscrit son aventure de 1 232 km à vélo à la rencontre de 22 maraîchers et maraîchères partageant leur quotidien à la ferme. Ce beau projet photoreportage est un hommage au monde paysan, un monde qui tient particulièrement à cœur à Isabelle.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours avant le livre Terre ?
J'ai 37 ans ; voilà 17 ans que j'ai les mains dans la terre ! Cela ne fait pour autant pas de moi une agronome ou une spécialiste en technique agricole. J'aime le vivant, voilà tout. Je me souviens de ma première expérience, c'était au Québec alors que je voyageais sur le pouce en sac à dos. J'avais faim et il me fallait trouver une solution. Une femme qui m’hébergeait pour quelques jours m'a expliqué qu'un autobus jaune passait chaque matin à un coin de rue pour prendre des journaliers, et c'est comme ça que j'ai embraqué dans cet univers !
Je me suis retrouvée sur une île agricole (île d'Orléans) à récolter des haricots verts pour quelques sous. Mon grand-père paternel a été vacher. Avec ma grand-mère et leurs enfants, ils ont vécus en quasi-autarcie dans la propriété où ils travaillaient en tant qu'ouvriers de ferme. Le domaine disposait de plusieurs ateliers, ce qui permettait d'atteindre une forme d'autonomie alimentaire pour les personnes qui y vivaient.
Je n'ai pas connu mes grands parents en activité et personne de leurs enfants n'a souhaité emprunter cette voie professionnelle de l'agriculture. Malgré tout, et par mon histoire agricole familiale, je me suis nourri un imaginaire respectueux du monde paysan. J'ai toujours attribué de la noblesse au travail de la terre.
À mon retour en France, je me suis équipée d'un fourgon et suis partie sillonner les routes passant de ferme en ferme à la recherche de travail saisonnier. Partir à la rencontre de nouvelles personnes et le sentiment d'appartenir à une communauté privilégiée de son environnement m'a très vite séduite. Toutefois, je n'ai pas exercé que ce métier dans ma vie ; mais il représente tout de même une branche principale de mon parcours.
J'ai beaucoup appris en travaillant auprès de modèles de ferme très différents. Cela m'a permis de mieux me situer dans ce système nourricier et d'en détenir un regard pluriel. Parmi les différents modèles, j'ai pu travailler au sein de fermes dites "conventionnelles", des modèles de type "grande culture" ou dit "légumier", du hors-sol, en serre de tomate, et en agriculture biologique.
Aujourd'hui, je travaille dans une ferme maraîchère biologique de 5 hectares. Il m'arrive parfois de m'imaginer arrêter ce métier, parce qu'un jour il faudra bien ; ou bien c'est mon corps qui me le dira... C'est tout un monde que je quitterai, car je me sens dans un Tout quand je suis au champ. C'est difficile à expliquer, mais j'en suis convaincue, on apprend un langage à travailler la terre… Et c'est bien cette grande communauté que je ne me sens pas encore capable de quitter.
Parlez-nous de votre aventure de 1 232 km à vélo. Comment vous est venue l’initiative ?
Nous avons vécu l'année dernière une période de chaleur particulièrement difficile à vivre. La fatigue générale que j'ai ressentie a rencontré mon besoin de prise de recul sur mon parcours professionnel et plus globalement encore, de prendre du recul sur nos besoins de société aujourd'hui. Où en sommes-nous (et où j'en suis moi aussi) dans notre manière de cultiver et de produire de la nourriture ? Et où en sommes nous dans notre manière de nous alimenter ? Deux carottes côte-à-côte et de provenances différentes n'auront pas la même histoire à nous raconter dans notre assiette… et justement, quelle histoire préférerions nous écouter ?
C'est ce qui m'a motivée à partir à vélo à la rencontre de 22 maraîchers et maraîchères de notre région Bretagne. Et de pouvoir en offrir un ouvrage accessible à tous·tes.
Notre époque nous défie à de nombreux enjeux environnementaux, sociaux et économiques. En plus de ceux-là, nous devons aussi répondre à la problématique du renouvellement des générations dans les métiers de la terre. Parce qu'il y a et va y avoir de nombreux départs en retraite et qu'aujourd'hui, la jeune génération peine à prendre la relève parce qu'elle est confrontée à de nombreuses difficultés dont celle de l'accès au foncier. Je parle de l'accès physique (où est il encore possible de trouver des terres cultivables) mais aussi de l'accès financier.
Et cette problématique en rejoint une autre : Qu'est-ce qu'on mange demain ?
De mon point de vue, nous avons intérêt à nourrir notre curiosité sur la provenance de notre alimentation et intérêt aussi à soutenir la jeune génération, nous préservons notre avenir en le faisant.
Comment avez-vous procédé ?
J'ai commencé par en parler à quelques maraîchers et maraîchères pour sonder leur réceptivité au projet. Puis j'ai cherché à constituer une équipe de photographes. Avec le statut de bénévole, il n'était pas question d'abuser de leur générosité ; avoir 3 photographes a permis d'établir un équilibre acceptable dans l'investissement que chacun·e souhaitait offrir au projet.
Puis, j'ai réfléchi à la meilleure cohérence à engager concernant les droits d'auteur. Avant d'envisager une quelconque perspective de départ, je me suis rendue au bureau de l'association Terre de liens Bretagne situé à Cesson-Sévigné (35). C'est Émilie Crouzard, la coordinatrice régionale et l'une des salariées de l'association qui m'ont reçu. Autour d'un café, je leur ai présenté le projet et l'intention d'apporter un soutien à l'association qu'elles représentent en faisant de Terre de Liens Bretagne la bénéficiaire des droits d'auteur. Tout a été très vite, la préparation s'est faite très rapidement puisque l'idée m'est venue durant l'été et que le photoreportage a débuté le 3 octobre.
Je suis très reconnaissante envers mon patron de m'avoir permis de m'absenter de la ferme pour réaliser ce projet.
Pour autant, je n'ai pas vraiment eu de repos. Après la tournée de 2 mois et demi, j'ai travaillé la retranscription des textes tout en cherchant une maison d’édition. Rien n'était défini. Et ce n'était pas imaginable qu'une maison d'édition puisse accepter de porter un projet à l'aveugle. Il fallait partir, consolider le projet, y croire et accepter le risque, malgré l'effort fourni, qu'il puisse ne pas aboutir.
La maison d'édition Coop Breizh porte aujourd'hui l'ouvrage. Cela a été une aventure formidable avec l'équipe éditoriale au moment de la conception. Et c'est une aventure qui continue ! Je ne pouvais pas imaginer mieux pour ce projet.
Qui avez-vous rencontré durant votre périple ?
22 maraîchers et maraîchères biologiques, et aussi 4 futur·es installé·es. Mais sur la route ce fut aussi la rencontre de quelques gîtes d'étapes accueillants et de gens de village chaleureux. Parfois il faut savoir demander son chemin quand on se perd à trouver un lieu-dit ! Je pense aussi à Monsieur Bourroulec qui avec son C15 nous a bien secouru lorsque mon binôme (qui avait un vélo électrique prêté) est tombé en panne… Je pense aussi à ce monsieur qui a bien voulu nous ouvrir sa porte et remplir nos gourdes d'eau. La nuit tombait et nous étions fatigués ; il nous restait une dernière ligne de kilomètres à parcourir avant d'arriver à notre lieu d'hébergement. Cet ouvrage collectif est une vraie aventure humaine !
Dans quel but avoir parcouru la Bretagne à vélo pendant deux mois ?
Ce n'était pas mon idée initiale. De base, j’envisageais un projet plus grand et donc des moyens différents et adaptables à chaque région. Mais j'ai très vite réalisé qu'il me serait difficile de trouver des personnes autant disponibles pour créer une équipe. C'est le populaire photographe rennais dit Le photographe ambulant qui m'a motivée ! Parce qu'il est très engagé sur les questions de ressources énergétiques et sur le fait que le vélo, c'est une normalité dans son mode de vie et de travail.
Avec un projet qui traite le thème de la consommation, c'était possible et cohérent d'aller plus loin dans la démarche et de s'offrir une expérience personnelle pour réfléchir aussi sur la consommation énergétique. Je ne retranscris pas ce volet dans l'ouvrage car ce n'était pas le thème principal que je souhaitais aborder mais la démarche ouvre à elle seule le sujet.
Ce que je peux vous en dire est que j'ai appris à aimer le vélo en pédalant ! Quels bénéfices avons-nous à nous déplacer avec ce moyen aussi économe ! D'avoir parcouru la Bretagne à vélo (parfois aidés des transports en commun ; le TER accepte les vélos), a permis (bien sûr des économies dans le budget) de s'imprégner du paysage et de l'environnement des fermes que nous visitions. Nous n'aurions pas pu autant vivre l'instant sur les fermes et y mener une compréhension aussi claire de leur système si nous avions choisi la voiture pour s'y rendre. Et puis de faire un effort physique pour atteindre chaque ferme engageait d'avance la rencontre.
Pourquoi en avoir fait un livre et comment avez-vous retranscrit cette belle expérience dans celui-ci ?
En effet, j'aurai pu mener ce photoreportage avec l'outil vidéo par exemple. J'aime les mots et l'objet-livre m'est apparu être le meilleur moyen pour inviter le plus grand nombre dans cet univers paysan. Au travers de la photographie, des mots à lire, de pouvoir toucher les pages et de les dérouler à son rythme...
Terre est un partage, offert par des personnes passionnées pour des personnes prêtes à nourrir leur curiosité. Le travail de retranscription m'a demandé beaucoup de temps. Je ne suis pas issue du milieu éditorial donc il m'a fallu trouver des ressources et me dessiner une méthode de travail. Lorsque j'ai compris qu'un livre de textes et de photographies dispose d'un rythme, j'ai composé ma partition. Et comme je ne suis pas à l'aise avec l'informatique, plutôt que de perdre mon temps à la compréhension de logiciels, j'ai organisé le script sur 2 pans de murs de mon salon ! Anne, qui est une amie et qui fut d'un bon soutien a accepté d'effectuer la première relecture. Pour réaliser la pré-maquette à présenter aux maisons d'édition, c'est Nicolas (graphiste) qui a accepté d'offrir de son temps pour ce travail graphique. J'ai souvent du mal à accepter ce titre d'auteure parce que nous avons été très nombreux·ses dans les coulisses pour réaliser cet ouvrage !
Pour quelles raisons avoir fait le choix d’Enercoop Bretagne pour votre électricité ?
Cela fait presque 3 ans que j'ai choisi Enercoop Bretagne pour mon électricité et j'en suis très contente ! En 2021, nous discutions avec un ami sur la cohérence et l'importance selon nous d'être cohérent·e entre ses valeurs, ses idées et ses actions. Chacun de notre côté nous nous étions listés dans un coin de tête tout ce que nous aimerions changer dans notre manière de consommer et nous avions pour challenge : celui qui trouve le meilleur moyen pour y arriver.
J'ai commencé par changer de compagnie de téléphone mobile, puis j'ai choisi de souscrire à Enercoop Bretagne.
Quand on a besoin d’électricité, on peut faire le choix de se satisfaire d'un organisme qui en fourni. Pour ma part, et considérant qu'en payant ce service je participe à la vie de cette entreprise, de son fonctionnement, de ses valeurs, et des ressources qu'elle utilise, je préfère choisir celle qui en plus de pouvoir me fournir, présente le moins d'impact à notre vie de société. Quand je me suis interrogée, j'ai découvert que mon fournisseur d'électricité utilisait plus de 66 % de nucléaire et seulement 7 % d'énergies renouvelables. Je ne pouvais pas accepter que mes besoins personnels puissent causer autant d'impacts. Selon moi, ce n'était pas exemplaire à l'équilibre d'un vivre-ensemble acceptable.
J'apprécie la transparence d'Enercoop Bretagne et son engagement à l'énergie renouvelable comme ressource principale. Par ailleurs, j'aime aussi cette relation de proximité offerte par cette coopérative bretonne ; ce n'est pas toutes les sociétés d'électricité qui tiendraient un stand d'information au sein d'une ferme lors d'un marché de producteurs !
De plus, et selon moi, une société c'est être et faire ensemble. C'est une démarche respectable et force de durabilité, de coopération, qu'Enercoop Bretagne ouvre en permettant aux citoyen·nes d'être sociétaires pour prendre part à leur activité ! Nous avons tous et toutes selon moi intérêt à être davantage curieux·es et soucieux·ses de la provenance de nos consommations.
Où peut-on vous trouver lors de vos prochaines dédicaces afin de vous rencontrer et d'échanger sur votre projet ?
- Les 3 et 4 février : de 14h à 18h au Festival Ciné'thique Déclic-Éthique, Noyal-Châtillon-sur-Seiche (35)
- Le 7 février : de 10h à 18h à l'Espace librairie Cultura, Brest (29)
- Les 9, 10 et 11 février : de 10h à 18h au Festival Natur'Armor, Saint-Brieuc (22)
- Le 16 février : de 17h jusqu'à 20h au Café-librairie Elizabeth et Jo, Plougastel-Daoulas (29)
- Le 17 février : à 14h30 à la Librairie Dialogues, Brest (29)
- Le 21 février : à 15h à la Librairie Dialogues, Morlaix (29)
- Le 23 février : à 19h à la Librairie L’Établi des mots, Rennes (35)