Publié le vendredi 26 avril 2024

Ingénierie à action sociétale :
Sylvie Mallet un parcours engagé

Sylvie Mallet : Une Transition de l'Ingénierie Informatique vers la Responsabilité Sociétale des Entreprises

Au sein de la communauté professionnelle dynamique de la région, Sylvie se distingue par son parcours singulier, liant l'ingénierie informatique à un engagement profond en faveur de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Un entretien, où elle nous dévoile son évolution professionnelle et les motivations qui sous-tendent son action. Enercoop Languedoc-Roussillon est heureuse de collaborer avec des formateurs et formatrices de qualité.

Peux-tu te présenter et présenter ton parcours ?

Au départ je suis diplômée en ingénierie informatique de l'INSA, et j’ai directement enchaîné par un IAE (Institut d'Administration d'Entreprise) pour la gestion et administration des entreprises. Parce que la technique m’a toujours intéressé mais dans le fond ce qui m’anime le plus ce sont les humains et les organisations. Je me suis prise de passion pour les interactions humaines et les dynamiques organisationnelles, ce qui m’a rapidement amené à des rôles plus larges, jonglant entre la technique et le management des équipes.

Originaire du bord de mer, je comptais revenir dans la région, je l’ai fait en cofondant plusieurs entreprises dans l’informatique. C’était une entreprise de logiciels qui permettait d’avoir un magazine d’information personnalisé et gratuit. C’était fait grâce à la prise en compte des centres d’intérêts de l’utilisateur-rice et la récolte d’informations sur des sources d’informations fiables comme des journaux. Ça représentait plusieurs millions d’exemplaires et des partenariats à travers le monde à l’époque où le profiling de l’utilisateur débutait à peine.

Avec ces postes de management et de codirection dans une ambiance où l’on veut délivrer à l’utilisateur une information toujours plus vite, les questions de gestion du stress, bien être et qualité de vie au travail sont des questions sur lesquelles je suis rapidement montée en compétences. Pour moi avec ce numérique qui accélère tout, ça devient des vrais sujets au sein des équipes pour pouvoir garder un cadre de travail sain.

J’ai toujours été animée par un désir d'impact sociétal, et de par ma passion de la voile, je pense que j’ai toujours été proche de l’environnement. Je fais partie de collectifs qui sont sur les thématiques de la prise en soin des espaces humides (lacs, étangs ou mer) dont le Conservatoire des espaces naturels à un moment.

Dans mes métiers, j’ai réussi petit à petit à réunir différents volets. Il y a le volet environnement, le social, une ancre au territoire et puis j’étais dans la gouvernance. C'est ni plus ni moins que ce qu’on retrouve sur la thématique de la RSE.

photo de Sylvie Mallet, l'impact de l'Humain sur les lagunes

Photo par Sylvie Mallet

Comment tu t’es dirigée vers les métiers de la RSE ?

Un des tournants dans ma carrière s'est opéré lorsque j’ai travaillé pour un cabinet de conseil qui accompagnait les gens sur le management et les relations interpersonnelles. Je me suis formée au coaching donc je suis coach professionnelle certifiée RNCP et ça m’a permis d’accompagner des entreprises sur ces questions.

Plutôt que de créer une structure classique d’entreprise ou être auto-entrepreneur, j’ai fait un choix engagé en faisant porter mon activité par la coopérative d’activité Crealead qui fonctionne en gouvernance partagée. Nous sommes 300 dont 200 associés, on est dans la même démarche qu’Enercoop à vouloir construire une réflexion autour d'un modèle citoyen.

Je suis arrivé chez Crealead en tant que consultante-coach-formatrice avec ces sujets de responsabilité sociétale au sens large, avec les volets : qu’est-ce qu’on fait pour travailler entre nous ? En intégrant du management, un forme de gouvernance, les relations interpersonnelles, qu’est ce qu’on fait pour le territoire ? Aujourd’hui, 6 ans plus tard je suis toujours chez Crealead avec les mêmes sujets qui sont en constante évolution.

Au vu du nombre de personnes dans la coopérative, on a la chance de pouvoir travailler en équipe qui se crée de manière agile pour répondre à un appel d’offres par exemple.

En tant que consultante et coach professionnelle certifiée, je déploie mes connaissances pour sensibiliser et former les acteurs économiques aux enjeux de la RSE. Je mets un point d'honneur à transmettre ces connaissances dans un cadre collaboratif et inclusif, favorisant ainsi l'intelligence collective et la diversité des perspectives.

Partenariat avec Enercoop Languedoc Roussillon

J’ai débuté en tant que formatrice en 2017 depuis je me suis moi aussi formée ! Avec l’agence LUCIE avec le label Lucie 26000 et NR Responsable, je suis aussi animatrice de la fresque du climat et du numérique. Je me suis formée dessus parce que je trouve que ces deux fresques sont vraiment des outils intéressants.

Le partenariat Enercoop Languedoc-Roussillon il s’est avant tout formé sur une rencontre. À l’époque, Hélène (l’ancienne responsable de notre organisme de formation) était directrice d’une école où je donnais des formations et on resté en lien. Quand elle est arrivée chez Enercoop le lien s’est fait entre votre organisme de formation et moi. C’était logique de faire cette formation avec vous.

Qu’est ce qui te motive dans le fait de donner des formations ?

Ce qui me plaît, c’est cette notion de transmission, aujourd’hui j’ai quand même un certain âge et des choses à transmettre. Cette idée d’intergénérationnel et de partage d’expérience dans un enrichissement mutuel, pour moi c’est ça la RSE. C’est ce que j’appelle formation action pour du partage et enrichissement. Cette expérience que j’ai, j’essaie de la partager avec tous les gens à qui ça peut être utile. En ce moment, j’accompagne des porteurs de projets ou dirigeants d’entreprises qui sont au RSA afin de faire bilan et orientation sur leurs projets ou activités, pour voir sur quel parcours ils pourraient aller. Ça rejoint dans tous les cas le vivre-ensemble et la mixité pour se donner des outils les uns les autres. Ces sujets font pour moi écho à quel monde de demain on souhaite et ça vient questionner notre responsabilité sociétale, sortir de l’entre-soi et avoir des échanges très divers permet d’enrichir ma réflexion.

Comment vois-tu évoluer les métiers de la RSE comme les chargés de mission RSE ?

Pour moi, la RSE ne peut pas être portée par une seule personne dans l’entreprise. C’est vraiment une réflexion et une introspection personnelle que tout le monde doit se partager. Une démarche RSE qui réussit c’est un projet collectif dont tout le monde s’empare. Est-ce que le fait que tout le monde s’en empare va faire disparaître des métiers ? Je ne pense pas, à partir du moment où il y a un sujet à traiter il faut quelqu’un pour coordonner. Une démarche RSE ce n'est pas seulement des directives et des lois à suivre. La RSE c’est pas non plus des indicateurs et des reportings. La RSE c’est : comment va-t-on vivre ensemble demain ? Et il faudrait qu’on se dépêche d’y réfléchir.

Tu donnes deux formations chez nous (RSE et de sobriété numérique) si tu devais les décrire, que dirais tu ?

Les formations que je dispense sont conçues pour être interactives et participatives, encourageant les participant-es à réfléchir et à agir concrètement dans leur contexte professionnel. Elle souligne l'importance d'impliquer l'ensemble des collaborateur-rices dans une démarche RSE, au-delà des seuls chargé-es de mission dédié-es.

C’est une formation action, alors bien sûr on vient étudier les fondamentaux et définir le développement durable et la RSE. Après avoir vu les parties prenantes, les impacts, on réfléchit à ce qui est déjà mis en œuvre dans les entreprises et souvent, il y a des choses qui se font, ça fait du bien de voir qu’on n'est pas complétement hors sujet. La première question qui se pose c’est : Et moi, qu’est ce qui se fait déjà dans mon entreprise ? À partir de là l’idée c’est de développer pour voir dans quel sens aller. Le but, c’est aussi de poser un dialogue et de pouvoir dire plus tard “Oui j’avance sur ce sujet en responsabilité sociétale et voilà comment”. Viennent ensuite les indicateurs, ils ne sont pas là pour casser les pieds mais pour qu’on ait un référentiel pour tous se parler. L’objet de la formation c’est se poser autour de la table et avoir un partage sur des bases, que l’on se pose, puis ensuite comment on échange et enfin commencer à structurer dans son entreprise. On est loin d’un cours seulement théorique.

La vision de Sylvie sur l’avenir :

On se trouve confronté-es à un monde économique de plus en plus dur, dû à la raréfaction de certaines ressources donc des prix plus cher et il y a des tensions politiques et économiques le tout avec une fraction sociale qui augmente donc des questions de recrutement compliqué. Ma touche d’optimisme là-dedans, c’est que ce sont des vraies valeurs d’entreprise qui vont porter les hommes et les femmes qui vont faire la réussite des entreprises de demain.