Publié le mercredi 4 décembre 2024

Entre énergie et agriculture
Conscientiser les enjeux

Formation agrivoltaïsme - Pauline Petit

Nous avons rencontré Pauline Petit. Ingénieure dans le développement photovoltaïque, Pauline est également agronome. Elle a donc étudié précisément les deux domaines pour en tirer les éléments les plus pertinents qui peuvent permettre à des professionnels des deux secteurs, agricole et énergétique, de prendre les décisions les plus conscientes sur des projets agrivoltaïques. Elle est la conceptrice de cette formation et nous partage ses intentions pédagogiques.

Bonjour Pauline, merci à toi de nous accorder ce temps d’échange, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Bonjour, je suis la référente agronome chez Enercoop Production et j’accompagne les chargé.es de projet sur tout ce qui touche les projets d’agriculture et d’énergie. Plus particulièrement, je traite les projets agrivoltaïques. J’ai un volet accompagnement mais aussi animation.

J’ai commencé par un premier diplôme d’ingénieur dans l'Énergie et l’Environnement, à l’INSA de Lyon, que j’ai fini en 2020.  Après ce diplôme, j’ai travaillé deux ans en tant que cheffe de projet Énergies Renouvelables et plus particulièrement de projets photovoltaïques. Au fur et à mesure, j’ai travaillé sur des projets agrivoltaïques et après deux ans de pratique, je me suis rendue compte que ce n’était pas ce que je souhaitais faire. C’est pourquoi, j’ai repris des études en agronomie à SupAgro pour devenir Ingénieur Agronome. J’ai fait cette formation en alternance au sein de la structure d’Enercoop.

Comment et pourquoi tu t’es dirigée vers les énergies renouvelables et l’agrivoltaïsme ?
“Je crois beaucoup à la transition énergétique d’une part et agricole d’autre part”

Cela m’a toujours animée d’aller vers la transition énergétique et la transition agriécologique. Aujourd’hui je vais davantage vers l’agriculture car c’est ce qui me passionne : bien manger, bien prendre soin de la terre et bien prendre soin des gens. Mon orientation vers l’agrivoltaïsme a commencé par la transition énergétique car c’était le premier pas vers un monde et une société différents. Je me suis rendue compte, ensuite, que les énergies renouvelables sont importantes et qu’il faut qu’on passe du fossile aux énergies renouvelables. Cependant, pour moi il fallait surtout se pencher sur la question de l’agriculture. À mes yeux, l’agrivoltaïsme est une belle manière d'allier les deux, tout en prenant en compte ce que l’un peut avoir comme effet sur l’autre, et inversement.

Qu’est-ce qui te motive dans le fait de donner des formations ? Pourquoi s’être orientée vers la formation ?

C’est pour transmettre !

Je me suis orientée vers la formation pour partager à d’autres personnes ce que représente l’agrivoltaïsme et ses enjeux.

J’aime beaucoup et ça correspond aux valeurs qui sont les plus importantes pour moi, surtout sur ce sujet. Cela me permet aussi de pouvoir faire monter en connaissance et en compétence des personnes qui sont plus éloignées du sujet ou des personnes qui ont un pied dans le sujet mais qui n’ont pas connaissance de tous les enjeux.

Qu'est-ce qui t'a donné envie de ce partenariat avec Enercoop Languedoc-Roussillon ?
Mon premier pied plus concret dans le monde Enercoop, c'était la RandoWatt à Luc-sur-Aude et j’ai trouvé ça super sympa. 

J’étais déjà Sociétaire Enercoop Languedoc-Roussillon et cliente Enercoop.

Lors de la RandoWatt à Luc-sur-Aude j'ai rencontré quelques personnes de l'équipe. Je suis restée en contact et on m’a proposé un poste, en alternance, qui me permettait de continuer dans les énergies renouvelables tout en avançant vers mon objectif de rejoindre le monde agricole. De plus, travailler au sein d’une coopérative ressemble davantage à mes valeurs.

Peux-tu nous parler, en détail, de la formation que tu dispenses ? Son contenu et ses objectifs ?
C’est une formation neutre à destination des citoyens, des collectifs citoyens, des services de l'État ou des collectivités. 

L’objectif de la formation sur l'agrivoltaisme c’est de comprendre tous les enjeux qui tournent autour du sujet, notamment le contexte énergétique et agricole. À partir de là, on va aussi comprendre tous les différents systèmes qui existent, voir à quoi on peut appliquer le couplage photovoltaïque et agriculture. Il y a forcément des effets positifs et négatifs.

On va se focaliser sur le contexte réglementaire (construit depuis 2023) pour voir ce qu'il est possible de faire. Ensuite, on entame une partie sur le développement des projets et surtout comment mieux le développer en y incluant la gouvernance des projets et l’ouverture des capitaux. On va chercher à savoir comment rendre ces projets plus citoyens avec les notions du partage de la valeur et on va parler des modèles contractuels qui sont mis en place. Aussi, l’idée est d’amener tous les sujets qui prêtent à controverse pour voir les autres impacts économiques et sociaux notamment sur la question du foncier.

À la fin de la formation, le participant-e repart avec une vue globale, des clefs de compréhension et une photographie des éléments qui habitent ce sujet afin de se créer sa propre opinion.

Selon toi ou ce que tu entends, pourquoi l’Agrivoltaïsme est un sujet délicat qui soulève des questionnements/débats ?
“A mes yeux, ce qui porte à controverse c’est la précarisation des agriculteurs :
notamment sur la question de la contractualisation, la rétention foncière et la spéculation.
On en parle et on approfondit cette notion dans la formation”

L’agrivoltaïsme est un sujet à controverse parce qu’en fonction de l’échelle qu’on va regarder (exploitation, parcelle, tissus agricole, nationale ou mondiale) on ne va pas avoir les mêmes effets. À l’échelle parcelle/agricole on aura surtout des effets sur l’agronomie (productions végétales et animales) et sur le système économique de l’exploitation. Cela peut-être positif ou négatif sur le rendement. Par exemple, si la centrale agrivoltaïque est bien pensée et bien faite pour l’exploitant agricole, agronomiquement parlant ça peut lui apporter une plus-value, si et seulement si, il y a des problématiques pédoclimatique. Généralement, à l’échelle de l’exploitation c’est souvent positif pour le rendement mais aussi pour le complément de revenu que cela engendre.

Le processus agrivoltaïque permet aussi l’étude des effets sur les parcelles, ce qui cadre la pratique. C’est une obligation légale souvent pas connue. Il y a une étude préalable pour étudier les effets d’implantation au sein du territoire mais aussi d’exploitation afin d’anticiper les conséquences. Quand le parc agrivoltaïque est construit il y a des contrôles et suivis réguliers pour vérifier que cela réponde bien aux différents critères tels que les services à la parcelle et les revenus durables pour l’agriculteur.

C’est un sujet qui reste à controverse car on ne peut pas dire qu’il n’y a pas d'impact. En effet, ce qui est davantage à controverse se situe plus sur les effets sociaux que l’agrivoltaïsme peut engendrer comme la précarisation des agriculteurs. Pour être plus précise sur ce sujet, généralement, l’implantation d’une centrale photovoltaïque fait que le bail rural (entre un propriétaire foncier et un exploitant agricole) est cassé pour pouvoir signer un bail emphytéotique entre le propriétaire et l’opérateur énergétique. Il y a donc un triptyque entre les trois si le propriétaire n’est pas exploitant. Cependant, pour l’agrivoltaïsme, il faut lier l’exploitant agricole au fournisseur énergétique, donc généralement des conventions d’exploitation sont mises en place. Cependant, elles sont moins protectrices qu’un bail rural. C’est pour cela qu’on parle de précarisation.

Souhaites-tu nous dire quelques mots sur ta manière pédagogique d’aborder ces formations ?
J'aborde le sujet avec rigueur scientifique et pédagogie active !

Lors de mes formations, je me questionne systématiquement sur les besoins des participant.es. Je demande, en amont si possible, les attentes des participants en termes de formation en faisant un tour de table. J’adapte aussi tout au long de la formation pour ré-évaluer les attentes. Je mets, aussi, en place plein d’outils pédagogiques afin de les faire réfléchir et échanger entre eux, via des travaux de groupes et des débats mouvants comme “les votes colorés”. 

Je source aussi beaucoup. Tout ce que j’amène comme connaissances s’appuie sur des données externes et neutres. 

Peux-tu nous donner des ressources qui permettent de découvrir le sujet ?

Pour faire un premier pas, l’ADEME a fait un super guide pour faire un recensement de l’état de l’art de l’agrivoltaïsme avec un guide de classification et une synthèse que l’on peut retrouver sur : https://librairie.ademe.fr/energies/4992-caracteriser-les-projets-photovoltaiques-sur-terrains-agricoles-et-l-agrivoltaisme.html

Si on veut aller plus loin il existe plusieurs webinaires fait par la FNE nationale “https://www.youtube.com/watch?v=mcIY-51I2gg”, et un autre fait par la FNE Normandie. “https://www.youtube.com/watch?v=qRJlHZBNf-0” 

Ces trois documents sont bien complets et référencés. Voilà déjà de bonnes bases pour se renseigner.

Envie de vous inscrire, c'est par ici : https://www.enercoop.fr/blog/evenements/nationale/agrivoltaisme--notre-formation

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