Collectivités territoriales et autoconsommation collective
Depuis son lancement il y a quelques années, l’autoconsommation collective fait des émules. Réduction des factures d’énergie, électricité renouvelable en circuit court, les avantages sont nombreux ! Aujourd’hui, il existe 102 projets d’autoconsommation collective actifs en France, dont près de la moitié vendent leur surplus énergétique à Enercoop. Rencontre avec quelques collectivités locales qui ont choisi de développer de tels projets.
Il est possible de produire soi-même son électricité pour la consommer sur place. De nombreux particuliers, entreprises et collectivités ont franchi le pas de l’autoconsommation individuelle. Produire sa propre électricité coûte de moins en moins cher et cette pratique est amenée à se répandre. Depuis 2017, une nouvelle voie s’ouvre : celle de partager ce système à plusieurs acteurs. Avec l’autoconsommation collective (ACC), l'électricité d'un ou plusieurs sites de production est distribuée entre plusieurs consommateurs répartis dans un rayon assez réduit, voire un même bâtiment. Chez Enercoop, nous achetons le surplus énergétique de certaines de ces opérations d’ACC pour fournir nos clients en électricité renouvelable.
Dans cet article, découvrez trois collectivités locales et leur rapport à l’autoconsommation collective.
I - Saint-Joachim, commune pionnière de l’autoconsommation
Saint-Joachim est une petite commune d’environ 4000 habitants, au cœur du parc naturel de la Brière, en Loire-Atlantique (44). Qui penserait qu’elle est l’une des premières communes française à avoir amorcé sa transition vers l’autoconsommation et l’autonomie ?
"À l’origine on nous prenait pour des fous" dit M. Salaün, responsable financier à la mairie de Saint-Joachim.
Pourtant, depuis une quinzaine d'années, les projets y vont bon train. En 2010, la ville lance ses premières toitures photovoltaïques en vente totale, c’est-à-dire que l'électricité produite était vendue en totalité à un fournisseur. En 2015, un projet de salle festive permet de se poser l’idée de l’autoconsommation. Celle-ci sera livrée en 2019 et 5 autres bâtiments communaux producteurs verront aussi le jour. En 2020, les deux réseaux d’autoconsommation collective créés seront regroupés permettant de mettre en phase 6 bâtiments producteurs avec 16 bâtiments consommateurs et le partenariat avec Enercoop commence.
Pour M. Salaün, l’autoconsommation est un modèle qui est amené à se développer et qui devrait être plus largement adopté par les collectivités locales puisqu’il est assez simplement rentabilisé et présente donc un avantage économique important. Dans ce contexte de crise de l’énergie et de flambée des prix de l’électricité, cela ne fait aucun doute.
"Le photovoltaïque est relativement facile à installer, facile à maintenir, et stable niveau production"
Selon le responsable financier, trop d’administrations s’inquiètent et se posent des questions sur le fait de monter en compétences. M. Salaün nous rappelle que la commune de Saint-Joachim a un budget énergie loin d’être extravagant mais qu’elle vise pour autant à augmenter sa production afin d’être en autonomie totale, y compris en hiver. Cela se concrétise avec un investissement futur dans des batteries pour stocker l’énergie produite et la réinjecter dans le réseau local en cas de besoin.
Innovante, la commune de Saint-Joachim sert d’exemple et plus de 50 villes se sont informées auprès d’elle, même si, peu encore, ont sauté le pas.
II - Muttersholtz, objectif Territoire à énergie positive (TEPOS)
Quittons la Loire-Atlantique pour l’autre côté de la France. Notre prochaine destination est la commune alsacienne de Muttersholtz dans le Bas-Rhin (67). Cette commune a atteint l’autonomie énergétique pour les besoins de l’administration municipale depuis 2020.
"L’objectif était de produire plus d’énergie qu’on en consomme" nous dit M. Rodrigues, secrétaire général à la mairie de Muttersholtz. Depuis 2013, la commune vise à devenir Territoire à énergie positive (TEPOS). Pour ce faire, depuis 2015, des panneaux solaires sont installés sur plusieurs toits de bâtiments communaux. Par la suite, sur la base de centrales déjà existantes, deux centrales hydroélectriques sont installées sur l’Ill, la rivière baignant la plaine d’Alsace.
À l'origine, l'ensemble de l’électricité produite était vendue à Enercoop. Puis, en été 2022, suite à l’envolée des marchés de l’électricité, la ville décide de prélever une partie de l’énergie produite par ses sites pour sa consommation, dans une logique de circuit court. Dans les mois à venir, c’est plus de 95 % des besoins en électricité de la mairie qui devraient être couverts. Et la mairie chiffre les économies réalisées à près de 43 000 euros par an. De nouvelles installations photovoltaïques couvriront les besoins diurnes tandis que les centrales hydroélectriques répondront aux besoins nocturnes.
A cela s'ajoutent de nombreux efforts de sobriété, notamment l’extinction de l’éclairage public au cœur de la nuit et des efforts de préservation de la biodiversité ! Muttersholtz, capitale française de la biodiversité en 2017, cristallise plusieurs initiatives pour rendre la ville plus verte de manière complète en étant à l’écoute de sa population de quelque 2000 habitants et avec le soutien de l’Etat, en collaboration étroite avec l’ADEME, l’Agence de l’Eau, la Collectivité Européenne d’Alsace et la région Grand-Est.
III - Communauté de communes de Caen la mer, première opération d'autoconsommation collective de Basse-normandie
A 800km de là, notre dernière destination est la ville de Caen dans le Calvados (14). Son expérience avec le photovoltaïque débute en 2009 et s’est bien développée depuis ! A ce jour, la ville possède environ 1500m2 de panneaux photovoltaïques sur toiture.
“Le photovoltaïque est une technologie en laquelle on a confiance”
Souligne M. Angot, économe de flux et conseiller en énergie partagée à la direction du développement durable, de la transition énergétique et de la prévention des risques de la communauté urbaine de Caen la Mer. Pour lui, les panneaux solaires sont simples à mettre en place, si ce n’est pour trouver de la surface disponible en zone urbaine. Il ajoute également qu’à l’échelle d’une commune, la durée de rentabilisation des installations, de 10 à 15 ans, est tout à fait acceptable.
Pendant quelques années, l’idée de monter une opération d’autoconsommation collective a été compromise par les difficultés de raccordement des bâtiments haute tension. Deux projets d’autoconsommation individuelle ont tout de même vu le jour : La Maison Positive et la piscine Chemin-Vert.
Le 4 septembre 2021, l’installation photovoltaïque de la Halle Saint-Jean-Eudes est inaugurée. Depuis juillet 2022, avec le partenariat d’Enercoop qui rachète les surplus énergétiques, la Halle Saint-Jean-Eudes est donc une opération d’autoconsommation collective étendue. 100 % de la production du site est consommée par 6 bâtiments communaux : deux groupes scolaires, le Château de Caen, son théâtre et l’hôtel d’Escoville.
M. Angot est très optimiste quant à la rentabilité de telles opérations et la communauté urbaine de Caen la Mer ne compte pas s’arrêter là. Plusieurs autres opérations en autoconsommation collective sont en projet, ainsi que des actions de sensibilisation sur la sobriété énergétique, et des interventions pédagogiques dans les écoles.
Les initiatives fourmillent et l’autoconsommation collective s’impose comme un outil d’autonomie et d’économie pour les collectivités locales. Si nous pouvons retirer une chose de ces entretiens c’est que de telles opérations ne sont réservées ni aux villes du Sud, ni aux plus grands experts techniques.