Quelle adéquation entre la production de nos producteur⋅rices
et la consommation des client⋅es d’Enercoop ?

Quelle adéquation entre la production de nos producteur⋅rices et la consommation des client⋅es d’Enercoop ? Plongée dans le calcul de l’indicateur Vert Temps Réel.
En tant que fournisseur d’électricité, nous devons équilibrer nos achats d’électricité et la consommation de nos client⋅es, et ce, pour chaque quart d'heure. Chez Enercoop, nous achetons l’électricité que nous commercialisons ensuite, auprès de producteur⋅rices français⋅es. Il peut arriver qu’ils produisent trop ou trop peu par rapport à la consommation de nos client⋅es. Dans ce cas, nous faisons appel au marché de l’électricité pour nous assurer du bon équilibre entre la production et la consommation. Mais alors, à quel point la production se fait-elle au rythme de la consommation ? On a fait le calcul pour vous !
Vert temps réel : un indicateur du taux de couverture de la consommation par la production à la demi-heure
Rappel : nos obligations légales en tant que fournisseur d’électricité renouvelable
Pour respecter notre statut de fournisseur d’électricité renouvelable, nous devons équilibrer chaque mois nos achats de garanties d’origine* avec les consommations de nos client⋅es. Enercoop va plus loin que cette obligation légale en achetant conjointement l’électricité et les garanties d’origines à des producteur⋅rices clairement identifié⋅es.
Ainsi, contrairement à un fournisseur classique, nous récupérons les données de production de notre réseau de producteurs à la maille la plus fine possible : le quart d'heure. Cette information est très précieuse pour nous.
Avec l’indicateur Vert Temps Réel, il s’agit de rendre compte plus finement de la correspondance entre la production de nos producteur⋅rices et la consommation de nos client⋅es, en descendant à la maille au quart d'heure.
Pour calculer cet indicateur, on utilise la méthode suivante :
- Pour chaque quart d'heure d’une année, on calcule la couverture de la consommation de nos client⋅es par la production de nos producteur⋅rices.
- Lorsque ce ratio dépasse 100 %, on le remplace par 100 %.
- On répète l’opération pour les 35 040 quarts d'heure de l’année et on fait la moyenne des taux de couverture obtenus.
Cette méthode a d’ailleurs été retenue par l’Ademe dans le cadre du label VertVolt pour donner une vision du taux moyen de couverture en temps réel.
Les résultats présentés ci-dessous reflètent la bonne adéquation entre notre mix électrique et les profils de consommation de nos client⋅es. Concrètement, cela signifie que les courbes de production de nos producteur⋅rices et de consommation de nos consommateur⋅rices sont proches la majeure partie du temps.
Illustrations de cet indicateur
Prenons pour exemple une semaine de mai 2024. En orange, on voit la consommation, et en bleu, la production de nos producteur⋅rices. Quand la courbe bleue est au-dessus de la courbe orange, la production est supérieure à la consommation : la couverture en temps réel est supérieure à 100 %. Dans le cas inverse, si la courbe orange est au-dessus de la courbe bleue, la couverture en temps réel est inférieure à 100 %.
On peut traduire ceci par une courbe qui représente le taux de couverture en temps réel pour cette même semaine :
On peut observer différentes situations. Quand la production est supérieure à la consommation, on est dans une situation de surproduction, comme illustré ci-dessous par une semaine de juin 2024. Dans ce cas, la couverture en temps réel est supérieure à 100 %, (elle peut aller jusqu'à 380 % dans cet exemple).
La situation contraire est celle de la sous-production : nos producteur⋅ices produisent moins que ce que nos client⋅es consomment. Ceci peut ressembler à cette période de décembre 2024, où la couverture en temps réel a oscillé entre 25 et 104 % :
Une autre situation possible est une meilleure adéquation entre les deux courbes, qui peut ressembler à cette semaine de mai 2024, où l’indicateur de temps réel n’est pas descendu sous 65 %.
Et quand on agrège tout ça, quels résultats obtient-on chez Enercoop ?
En 2024, chez Enercoop, quand on effectue ce calcul, on obtient un indicateur égal à 81 %.
Pour mieux illustrer ce phénomène, on peut regarder pendant combien de quarts d'heures dans l’année nous sommes au-dessus d’un seuil de 80 % de contrat direct avec nos producteur⋅rices. Sur les 35 136 quarts d’heure de 2024, notre taux de contrat direct a dépassé les 70 % pendant environ 24 100 quarts d’heure. Cela signifie que le taux de contrat direct au quart d’heure est supérieur à 70 % 68,6 % du temps. Autrement dit, nous dépassons ce seuil pendant 2 quarts d'heure sur 3.
Faut-il chercher constamment à améliorer cet indicateur ?
On a assez naturellement envie d’avancer qu’évidemment, il est important d’améliorer cet indicateur. Cependant, il faut avoir en tête plusieurs éléments qui justifient de nuancer cette réponse.
- Une question de technologies dans notre mix
Si cet indicateur devient une boussole, nous risquons de réduire nos achats à des technologies qui n’améliorent pas cet indicateur, comme le photovoltaïque. Or l’enjeu de cette technologie est de se déployer sans frein, c’est pourquoi nous privilégions l’achat de l’intégralité de la production dans un cadre contractuel soutenant pour les producteur⋅rices.
- Une question de méthodologie de calcul
La méthode de calcul de cet indicateur implique que, si on achète à chaque instant plus d’électricité que ce que consomment nos consommateur⋅rices, l’indicateur augmente. Il reflète bien les moments où la production est insuffisante par rapport à la consommation, mais il reflète moins bien les moments où la production est supérieure.
Une manière relativement simple de faire progresser cet indicateur est donc de toujours acheter trop d’électricité par rapport à la consommation de nos client⋅es, ce qui s’apparenterait à un comportement de surconsommation que nous ne souhaitons pas forcément adopter. Ceci amène à une réflexion sur le périmètre pertinent pour cet indicateur.
- Une question de périmètre : le 100 % temps réel est-il plus pertinent à la maille Enercoop ou à la maille nationale ?
Le périmètre de cet indicateur est important. In fine, l’objectif est-il qu’Enercoop ait un indicateur de temps réel très haut, ou que ce soit plutôt le mix électrique français dans son ensemble qui progresse vers le 100 % temps réel basé sur un approvisionnement en électricité renouvelable ? Une progression du temps réel à l’échelle de la France serait certainement une échelle plus pertinente pour démontrer l’insertion des énergies renouvelables dans le mix national.
Avec tous ces éléments, on peut amener une conclusion plus nuancée : l’objectif n’est pas forcément d’atteindre un indicateur de temps réel à 100 %, mais que le maintien de cet indicateur au-dessus de 70 % nous semble important. C’est une réflexion qui reste en cours au sein de notre coopérative !