Quand on parle d’énergies renouvelables (EnR), un certain nombre d’idées reçues ont (toujours) la peau dure. Cet été, Enercoop vous propose de vous pencher sur ces idées reçues et de les démystifier - ou les débunker ! Aujourd’hui, regardons 2 nouvelles idées reçues qui nous reviennent régulièrement : 1/ L’éolien et le solaire sont mauvais pour les filières industrielles françaises 2/ Les EnR ne sont pas recyclables.
1/ L’éolien et le solaire sont mauvais pour les filières industrielles françaises
“Les équipements nécessaires à la production d’EnR sont produits en Asie : cela engendre des émissions de CO2 et c’est mauvais pour les filières industrielles françaises”. C’est une idée reçue qui met en avant le fait que, parce que les éoliennes sont majoritairement fabriquées en dehors de France, elles ne peuvent générer aucune retombées positives pour les emplois en France.
Du côté des éoliennes :
- Il est vrai que les plus grands fabricants d’éoliennes ne sont pas français : il y a des firmes chinoises sur le marché, mais aussi beaucoup d’entreprises européennes (les allemands Enercon et Nordex, les danois Vestas et Orsted). Mais les fabricants ne sont qu'une pièce d’un plus large puzzle. De nombreux métiers sont directement liés à l’éolien en France : l’assemblage, l’installation, le raccordement des parcs, l’exploitation ou le démantèlement. Ils représentent 18 000 emplois dans 1 000 entreprises, et c’est un chiffre qui croît chaque année. Dans certains secteurs, la France est même en pointe : c’est le cas des éoliennes flottantes, fabriquées par des PME pionnières.
Et pour les panneaux solaires :
- L’idée reçue a la peau dure alors qu’elle n’est plus du tout d’actualité. Il existe 5 entreprises de fabrication ou d’assemblage de panneaux solaires en France (DualSun, Systovi, Voltec, Recom-Sillia et Photowatt, filiale d’EDF). Au même titre que l’éolien, la filière solaire dans son ensemble crée des emplois. En 2018, cela représentait plus de 8 000 emplois dans l'hexagone. La production européenne se développe également, et les emplois sont appelés à croître dans les années à venir pour cette filière.
- Les panneaux solaires asiatiques ne sont plus incontournables : par exemple, Energie Partagée et Sereny Sun ont développé un projet de production d’électricité photovoltaïque à Cabrière-Calas, et la toiture d’une école est couverte de 1 200m2 de panneaux solaires français et italiens.
Certes, une minorité d’éoliennes et de panneaux solaires sont aujourd’hui fabriqués en Europe, mais ce n’est pas une fatalité : des filières industrielles françaises innovantes existent, se développent et doivent être encouragées.
2/ Les EnR ne sont pas recyclables
“Les EnR engendrent des quantités très importantes de déchets non recyclables”. Il est facile de trouver cette photo prise depuis le ciel de pales d’éoliennes en train d’être enfouies. S’il n’y avait qu'une seule idée reçue à combattre, c’est bien celle-ci. Cette photo, prise aux Etats-Unis il a bien longtemps, n’a absolument aucune chance d’être reproduite en France - ni même en Europe !
Les éoliennes
- Aujourd’hui, le chiffre à retenir est que plus de 90 % du poids d’une éolienne est recyclable. Dans le cas d’un démontage, si l’éolienne contient des terres rares, elles sont intégralement récupérées et non broyées pour être ensuite recyclées et surtout réutilisées.
- Ce sont les pales (6 % du poids de l'éolienne) qui sont plus difficiles à recycler, mais de nouvelles technologies sont en train d’émerger pour y remédier. Récemment, de nouvelles pales 100 % recyclables ont vu le jour.
- La législation européenne impose ce recyclage à hauteur de 90 % minimum, garantissant qu’une éolienne ne peut pas être enfouie au sein de l’Union Européenne.
Les panneaux solaires
- Un panneau solaire est recyclable à 95 %. En France, la collecte et le recyclage sont des obligations légales des fabricants. 300 tonnes de panneaux en fin de vie sont collectés tous les ans, et recyclés dans une usine des Bouches-du-Rhône. 96 % du poids d’un panneau solaire est imputable à son cadre en aluminium et aux couches de verre, deux matériaux facilement recyclables. Le taux de recyclage effectif des composants atteint 95 %. A titre d’exemple : pour un réfrigérateur, il n’est que de 70 %.
Les éoliennes et les panneaux solaires, comme tout équipement industriel, doivent être recyclés à la fin de leur utilisation. Les matériaux sont récupérés, en particulier les matériaux critiques comme le néodyme de certaines éoliennes en mer, et le cuivre des connecteurs – ce dernier est recyclable à l’infini sans perte de propriétés. Surtout, il faut envisager l’utilisation de ces matériaux dans un enjeu plus global de sobriété : leur demande augmentera avec la croissance des énergies renouvelables, mais devrait diminuer dans d’autres secteurs comme le transport et le bâtiment.
Pour en savoir plus sur les idées reçues sur les EnR
Retrouvez ici l'épisode 1 et ici l'épisode 2 !