À l’occasion des débats publics sur la relance du nucléaire,
Enercoop réaffirme sa position pour un mix énergétique 100 % renouvelable
Depuis fin octobre, les citoyen⋅nes français⋅es ont la possibilité de s’exprimer sur le projet du gouvernement de relance du nucléaire dans l’hexagone à l’occasion de deux consultations publiques. Enercoop publie à cette occasion un cahier d’acteurs sur le site de la CNDP, Commission nationale du débat public, pour apporter son point de vue , inciter à une véritable participation citoyenne aux décisions sur notre mix énergétique et alimenter les travaux parlementaires sur le sujet. Notre position reste résolument la même : nous devons tout mettre en place pour viser un mix 100 % renouvelable, faisable techniquement et économiquement
Alors que la déception est encore fraîche concernant le projet de loi d’accélération de la production des énergies renouvelables, bien en deçà des attentions, de l’ambition affichée du gouvernement et de la nécessité de développer massivement les énergies renouvelables, la trajectoire énergétique de la France s’apprête à prendre un nouveau tournant en ignorant la dynamique citoyenne.
Nous publions a cet effet sur le site de la CNDP (Commission nationale du débat public, chargée de l’organisation de l’une de ces consultations ) un cahier d'acteur de 4 pages, que nous complétons avec cette note de position et l'article ici présent.
L’occasion d’une transition énergétique démocratique et citoyenne ratée
Après avoir affirmé en 2018 vouloir fermer 14 réacteurs nucléaires avant 2035, le président de la République a affiché sa volonté de relancer un programme nucléaire français dans un discours à Belfort en février 2022.
Depuis, deux consultations publiques ont été organisées à partir de fin octobre 2022 sur l’avenir énergétique de la France. En principe, elles doivent alimenter les débats parlementaires et les réflexions du gouvernement autour de la loi de Programmation Énergie Climat (LPEC) qui définira la stratégie française en matière de transition énergétique. La question de la relance du nucléaire est au cœur de ces deux consultations*.
Dans le même temps, un projet de loi visant à faciliter la construction de nouveaux réacteurs nucléaires et à prolonger les réacteurs actuels, a été déposé par le gouvernement fin 2022, et a déjà été voté par le Sénat. Nous considérons que ce projet de loi vient court-circuiter les deux consultations évoquées juste avant, qui étaient certes imparfaites mais avaient le mérite de créer un semblant de débat sur la question.
Le dépôt de ce projet de loi par le gouvernement envoie un signal fort sur la place annexe qui est faite aux débats citoyens sur le sujet et renforce l’idée que sa décision est actée : le nucléaire sera relancé « quoi qu’il en coûte ». Nous déplorons cette direction prise. Nous considérons que les citoyen⋅nes doivent être au cœur de ces décisions tant ces choix de société, qui ne sont pas purement techniques, nous engagent pour les prochaines décennies avec tous les changements de comportements et les risques associés.
Depuis maintenant près de 18 ans, nous portons et défendons des solutions en proposant de suivre la trajectoire de sobriété, d'efficacité énergétique, et de développement massif des énergies renouvelables, auquel nous contribuons quotidiennement dans chacune de nos activités.
Un mix 100 % renouvelable atteignable
Début 2022, nous vous aidions à déchiffrer les scénarios de transition énergétique de RTE, l’Ademe et négaWatt. Chacun de ces acteurs montrait qu’un scénario 100 % EnR à l'horizon 2050 est réalisable en France.
Ces données sont et vont continuer d’être au cœur des débats actuels sur le mix énergétique français. Ils les enrichissent, et permettent à davantage de citoyen⋅nes de se saisir de ces enjeux. Il est désormais essentiel que ce sujet, qui concerne tous les français⋅es, donne lieu à un débat démocratique. C’est une décision collective qui nous impactera toutes et tous pour les décennies à venir.
Un mix 100 % énergies renouvelables est faisable techniquement et économiquement et permet de répondre à nos besoins énergétiquesnécessairement plus sobres, et ce à chaque instant. La relance du nucléaire n’est de ce fait pas une nécessité.
Un effort de sobriété indispensable et réalisable
Sur l’année 2022, la production d’électricité n’a cessé de baisser (-30 % de production nucléaire sur l’année 2022) à cause notamment de nombreux réacteurs à l’arrêt ou en maintenance, d’un autre côté les prix de l’énergie ont continué de s’envoler. Au pied du mur, une campagne gouvernementale de sensibilisation aux économies d’énergie est lancée en octobre dernier. L’objectif ultime étant d’épargner aux français⋅es les possibles coupures que pouvait déclencher une tension trop importante du réseau électrique.
Cet hiver 2022 - 2023 a finalement mis sur le devant de la scène la capacité des français⋅es à pouvoir faire preuve de sobriété dans leur vie de tous les jours avec une baisse de 1,7 % selon RTE de la consommation électrique. Porté comme le remède passager d’une nécessité pourtant constante, l’effort de sobriété doit être une composante essentielle de la stratégie française de transition énergétique.
Enercoop a toujours pris position pour cela avec d’autres acteurs comme négaWatt, à travers son scénario pour un mix 100 % EnR. Celui-ci repose sur trois piliers : la sobriété, l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. C’est par l’effort de sobriété que la consommation pourra diminuer globalement.
Une transition énergétique qui doit être le fruit d’une co-construction et d’une appropriation par les citoyen⋅nes
La transition énergétique doit être un moyen pour les citoyens de se réapproprier ce bien commun qu’est l’énergie en développant des projets énergétiques les impliquant dans la gouvernance.
Les installations nucléaires, par nature fortement concentrées et centralisées, ne permettent pas cette implication citoyenne. Ceci est contre productif pour mener une transition énergétique qui va demander des efforts considérables que seules la justice sociale, par la répartition de la valeur, et la gouvernance démocratique plus directe permettront.
Les grandes décisions passées sur le nucléaire, qui concernent donc nos choix énergétiques, n’ont pas été le fruit d’une co-construction et les diverses initiatives de débats publics n’ont pas permis de garantir le droit constitutionnel à l’information et à la participation citoyenne.
Enfin, les questions éthiques sur la gestion des déchets radioactifs qui seraient créés par une relance du nucléaire, ainsi que la question des risques associés au nucléaire doivent peser dans la balance.
Pour toute question, vous pouvez lire notre note dédiée ou la FAQ.
*La première est un débat public appelé “Nouveaux réacteurs nucléaires et projet Penly”, organisé par la Commission nationale de débat public (CNDP) autour de la construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires EPR 2, dont la première paire s’implanterait sur l’actuel site de Penly, en Normandie. Le 27 février au soir a eu lieu la dernière soirée de débat.
La seconde consultation est une concertation nationale nommée “Notre avenir énergétique se décide maintenant”. Organisée par le gouvernement et les DREAL (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement), elle s’est penchée sur le choix plus global du mix énergétique français.