Il y a un peu plus d’un an, Lucie Anizon, alors chargée de projets européens et désormais secrétaire générale d’Enercoop, dressait au travers d’un entretien un premier bilan du projet Rescoop VPP. Aujourd’hui, et pour célébrer la journée de l’Europe en ce 9 mai, nous vous proposons un nouveau point d’étape à 6 mois du terme officiel de cette expérimentation collective.
L’historique du projet
Lancé en 2020, le projet Rescoop VPP (pour Virtual Power Plant, Centrale Électrique Virtuelle dans la langue de Molière) rassemble des partenaires allemand, anglais, belges, espagnols, français, portugais et slovènes au sein d’un consortium. Son objectif est de répondre à un appel à projets lancé par l’Union Européenne dans le cadre du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020. Ces acteurs sont universitaires ou liés au mouvement coopératif et participent au réseau européen des coopératives de l’énergie Rescoop.eu.
Pour rappel, l’ambition du projet est de rendre les consommations électriques pilotables. Par exemple en déclenchant le ballon d’eau chaude au moment où nous avons le plus de production renouvelable disponible, et en l’arrêtant lorsqu’au contraire la consommation de nos clients dépasse l’énergie fournie par tous nos producteurs. C’est ce qu’on appelle la flexibilité de consommation. Aboutir à un tel résultat nécessite d’agencer de nombreux outils développés par chaque partenaire du projet en fonction de ses compétences et de ses moyens.
Les outils développés regroupent notamment :
- Un boîtier domotique capable de communiquer avec les différents équipements pilotables : la CoFyBox.
- Une plateforme de gestion de la communauté et de visualisation des données pour les utilisateurs : le CoFyCloud.
- Un algorithme développé par Enercoop de prévision de la production et de la consommation d’énergie s’adaptant au périmètre de chaque coopérative et permettant de piloter les consommations des usagers équipés de la CoFyBox : enda.
- Des travaux de simulation de la flexibilité à l’échelle d’un quartier.
L’ensemble de ces outils est développé en logiciel libre et est mis à disposition des coopératives soucieuses de proposer des solutions de flexibilité à leurs client⋅es et sociétaires afin de contribuer à l’avènement d’un mix électrique 100 % renouvelable.
En Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en Espagne, et en France, des expérimentations pilotes ont été mises en place, avec pour chacune une liste différente d’équipements pilotables comprenant des ballons d’eau-chaude, des pompes à chaleur, des chargeurs de véhicules électriques, des panneaux solaires et des batteries. Dans le cadre du pilote français, seuls des ballons d’eau chaude et des panneaux photovoltaïques ont été retenus en raison des contraintes de développement. Pour les usagers équipés de panneaux photovoltaïques l’installation leur permet de consulter les informations collectées de manière à augmenter leur taux d’autoconsommation.
L’année écoulée chez Enercoop
Nous avons amélioré notre algorithme de prévision de production et de consommation d’énergie et l’avons partagé avec EcoPower, la coopérative belge membre du projet. Elle l’a ensuite adapté à ses outils et à son périmètre de production. Dans les mois qui viennent nous le partagerons avec SomEnergia, le partenaire coopératif espagnol, qui s’appuiera sur ses propres données pour répondre à ses besoins spécifiques.
À partir de cet algorithme nous avons développé un signal flexibilité envoyé au CoFyCloud afin de piloter les équipements des usagers de manière automatique. Ce signal doit permettre le déclenchement au moment opportun des équipements reliés à la CoFyBox afin d'optimiser le coût et les émissions de CO2 résultant des consommations de la communauté.
Du côté du pilote, nous avons mis à disposition des bêta-testeur⋅euses l’ensemble des équipements nécessaires à la visualisation de leurs données de consommation en temps réel et du pilotage de leur ballon d’eau chaude, à savoir la CoFyBox, le module communiquant Shelly remplaçant le signal Enedis heure pleine / heure creuse et permettant de contrôler le déclenchement du ballon d’eau chaude, ainsi que le D2L un boîtier connecté au compteur Linky remontant les diverses informations à l’usager pour visualiser ses consommations en temps réel.
Enfin, nous avons déployé le CoFyCloud pour permettre aux administrateurs des différents pilotes d’organiser les flottes de CoFyBox et aux usagers de visualiser les informations collectées au travers d’un tableau de bord modulable.
Tableau de bord d’un usager de panneau photovoltaïque
Toutes ces activités ont été accompagnées d’échanges et de réflexions sur les modèles économiques envisageables en s’appuyant sur ces outils, mais aussi les enseignements à communiquer auprès des coopératives européennes de l’énergie.
Les derniers mois du projet
Dans les semaines qui viennent, nous allons lancer nos premiers tests manuels de pilotage des équipements, suivis de tests automatisés, avant de dresser un bilan de ces tests. Ce travail nous conduira finalement à diffuser des recommandations sur les enjeux techniques et les implications politiques des différents outils développés auprès d’acteurs économiques et technologiques intéressés par le projet ainsi qu’auprès des instances européennes nous ayant financés, afin d’accompagner l’adoption de la flexibilité par les usagers.
Nous avons aussi sollicité les sociétaires qui sont engagé⋅es à nos côtés dans ce projet afin qu’ils et elles témoignent à propos de leur participation et de leur ressentis au cours de cette expérimentation. Découvrez leurs témoignages dans les prochains jours. Nous tenons encore à les remercier pour leur engagement vers une consommation électrique plus flexible !