Il fallait oser créer des coopératives et ils et elles l’ont fait ! Enercoop, la coopérative Corbo, la coopérative funéraire de Lille ou encore la Librairie Les Volcans, ces actrices et acteurs de différents secteurs ont choisi le modèle coopératif pour créer ou reprendre une activité déjà existante. Mais de quoi parle-t-on ? À quoi ça sert ? Quelle différence avec une entreprise privée ? Apprenez-en plus sur le modèle coopératif !
Tout d’abord, de quoi parle-t-on quand on se dit “coopérative” ?
Si nous nous référons à l’alliance coopérative internationale, “une coopérative est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs à travers une entreprise détenue collectivement et contrôlée démocratiquement”. Ce dernier élément de phrase est très important pour les coopératives ; c’est en partant de ce principe démocratique notamment que l’on entend très régulièrement l’expression “une personne = une voix” lorsque l’on parle des coopératives.
En termes de chiffres, dans le monde, il existe plus de 3 millions de coopératives, ce qui correspond à pas moins de 12 % de l’humanité (salarié⋅es ou parties prenantes des coopératives). Si on zoome maintenant sur la France, il y a plus de 22 000 coopératives tous secteurs confondus qui représentent 31 millions de sociétaires.
Remettre l’humain au coeur du projet
Le modèle coopératif souhaite apporter un autre regard sur l’entreprise en intégrant l’humain au cœur même du projet. Les décisions stratégiques y sont ainsi votées par ces sociétaires sous le principe de 1 personne = 1 voix, peu importe le nombre de parts sociales détenues. À l’inverse, dans les entreprises capitalistes “classiques”, le nombre de voix dépend du nombre de parts détenues ; c’est comme cela qu’on se retrouve avec des actionnaires majoritaires qui prennent toutes les décisions, parfois aux dépens des salarié⋅es et/ou des autres parties prenantes.
Cette ambition démocratique raisonne chez les coopératives dans tous les secteurs comme la coopérative funéraire de Lille qui a fait le choix du modèle coopératif pour rendre les funérailles plus humaines, prendre le temps pour l’écoute et une réelle personnalisation des obsèques. Pour cette coopérative, rendre les funérailles plus humaines, c’était également les rendre plus accessibles financièrement et gommer l’image parfois très commerciale du secteur.
Miser sur la puissance du collectif
Le modèle coopératif est également un moyen de faire foisonner l’intelligence et l’énergie collective. C’est grâce à cette volonté collective que la coopérative Corbo a vu le jour. Suite à l’arrêt de leur activité existante, des coursiers se sont regroupés pour imaginer ensemble un modèle qui pourrait sauver l’activité. Ainsi, le choix de la coopérative a permis d’éviter de faire reposer la charge sur un tout petit groupe de personnes mais sur un nombre de personnes plus étendu, ayant toutes et tous une participation active en faveur de l’évolution de la structure. Le projet devient réellement commun.
La coopérative Corbo a également choisi de miser sur l’intelligence collective à l’échelle internationale en intégrant le réseau international de coopératives locales CoopCycle. Il permet ainsi de mutualiser des moyens qu’il serait difficile d’avoir séparément. Le réseau est une alternative aux plateformes uberisées puisque les coursiers sont au centre du projet et décident de leurs conditions de travail. Le réseau permet ainsi un échange de pratiques entre les structures au niveau international.
Favoriser une répartition du pouvoir
De nombreuses coopératives sont créées suite à la reprise par les salarié⋅es d’une ancienne entreprise qui a fermé. C’était le cas pour la coopérative Corbo ou encore la Librairie Les Volcans. À l’origine, la librairie était une SARL appartenant à un fond d’investissement américain qui avait décidé de fermer les 63 librairies qui composaient son groupe. Suite à cette annonce, une dizaine de salarié⋅es d’un magasin à Clermont-Ferrand ont ainsi décidé de reprendre l’activité en le transformant en SCOP en 2014. Aujourd’hui, une trentaine de personnes travaillent dans la librairie et peuvent s’impliquer dans la gouvernance.
Le modèle de “une personne = une voix” permet de favoriser l’égalité entre les différents acteurs et actrices de la coopérative et permet de repenser nos façons de fonctionner autrement grâce à une gouvernance plus horizontale.
Pour que l’argent ne soit pas la motivation principale
Les coopératives portent un principe de lucrativité limitée. Bien sûr, la coopérative doit être rentable pour pérenniser son activité et c’est par ailleurs une grande force de voir que le modèle coopératif est, au même titre que les entreprises “classiques”, un modèle stable ! Toutefois, une fois la rentabilité atteinte, les bénéfices dégagés doivent être reversés dans une logique de développement de la coopérative et non pour enrichir des actionnaires.
De nombreuses coopératives cherchent par ailleurs à mettre leur valeur avant le profit ! Pour exemple, en janvier 2024, la coopérative Corbo a été confrontée à un dilemme concernant sa trajectoire commerciale, elle avait devant elle deux options :
- Soit se rapprocher des transporteurs pour rentabiliser et pérenniser l’activité en travaillant sur de gros volumes à plus faible coût et un travail constant.
- Ou favoriser le commerce local, qui était leur engagement premier, et ainsi promouvoir l’achat raisonné avec des plus petits volumes et une activité plus saisonnière.
Collectivement, les coopérateurs et coopératrices ont choisi de remettre en doute leur pérennité pour privilégier leur engagement et lancer ainsi un travail plus important en terme commercial pour démarcher uniquement des commerçants et producteurs locaux. Le résultat a finalement été positif avec un meilleur ancrage local, la mise en place et la promotion de contenants réutilisables et d’une économie circulaire à travers entre autres la récolte de biodéchets.
Au-delà des quelques caractères présentés, les coopératives sont un mouvement riche et de nombreuses choses sont encore à découvrir sur le sujet, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de l’Union régionale des SCOP !
