Publié le mardi 3 décembre 2024

Bio A Pro : le bio, le local & le renouvelable

Rencontre avec Bio A Pro, la coopérative qui livre des produits bio et locaux pour le secteur de la restauration sur le Rhône et la Loire. La coopérative est un acteur social et économique incontournable, elle participe à la transformation du système alimentaire de son territoire.

Julia Girard témoigne sur leur choix de se fournir en électricité renouvelable, citoyenne et locale, chez Enercoop.

Pouvez-vous vous présenter, votre rôle chez Bio A Pro

J’occupe le poste de Directrice adjointe, on partage la direction à deux. Je travaille sur la partie RH, budget et financement et aussi sur la communication. Nous sommes 25 salarié·es. 

Je suis rentrée en 2017 au commercial, la direction s’est créée en 2021. 

Avant d’arriver chez Bio A Pro, je travaillais dans une Biocoop. J’étais déjà tournée vers une agriculture bio engagée. Je ne peux pas travailler sans des valeurs très fortes. En filigrane à la direction générale, mon rôle là, il est de réussir à infuser les valeurs. Pour ce faire, on passe du temps à expliquer nos décisions.

On est très solidaires, les nouvelles personnes qui entrent chez Bio A Pro adhèrent aussi aux valeurs de l’ESS, même si à la base, les valeurs ne sont pas systématiquement un levier dans leur choix de candidature. Je pense aux métiers de la logistique, qui sont plus physiques et terre-à-terre.

Quelle est l’histoire de Bio A Pro ?

Le projet de Bio A Pro est né sous l’impulsion de l’ARDAB (Association de Développement de l’Agriculture Biologique sur la Rhône et la Loire). L’objectif était posé dès le départ : intégrer les repas bios dans la restauration collective grâce à un regroupement organisé de producteurs et de transformateurs de la filière bio. Au démarrage il fallait ouvrir les débouchés pour les paysans bios sur le marché de la restauration. A l’époque, le bio n’émergeait pas, personne ne vendait de grosses quantités.

Une dizaine d’agriculteur·ices se sont réuni·es. En 2009 le premier entrepôt est loué, 2 salariés sont embauchés, le projet est alors sous forme associative. Puis en 2011 il opte pour le statut SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) SARL. Le cadre, les valeurs, l’ADN de Bio A Pro, qui vivaient déjà, s’inscrivent juridiquement, puis en 2019, nous devenons une SCIC SAS. 

On a retravaillé la gouvernance sur 2022/2023, car nous avons eu une croissance effrénée post covid, nous avons senti le besoin de formaliser qui on est dans un projet politique. 

Post covid c’est la révolution : entre les prises de conscience, l’explosion de la demande pour une alimentation en circuit-court locale, les changements politiques du territoire, suite aux élections municipales de la ville de Lyon qui a changé la donne dans le cahier des charges des restaurants de crèche et la loi EGALIM, qui met 20 % de bio dans les assiettes…. 

Parce que pour rappeler notre activité, Bio A Pro se place sur les marchés de la restauration collective et de la restauration commerciale. Les deux sont complémentaires pour les ateliers de production, car la restauration collective est saisonnière donc cela a un impact sur les volumes.

Notre métier est de faire de l’achat-revente de denrées alimentaires bios et locales en majorité, piloté par notre projet politique. Notre éventail de produits est large : épicerie salée et sucrée, produits laitiers, légumes, fruits, viandes. 

Nous avons un volet logistique très fort qui nécessite de préparer des commandes et de les expédier. Nous sommes dans le même temps proactifs sur le développement de filières : c’est-à-dire nous situer à l’intersection entre les clients qui ont des besoins et les réalités sur les lieux de production (les fermes avec lesquelles on travaille). Nous jonglons entre les deux pour faire en sorte qu’il y ait un intérêt pour le producteur-transformateur et le client. Il y a eu des avancées notables sur un coulis de tomates bio local par exemple, sur la transformation ! Ce genre de grandes avancées sur le développement de filière se réalise grâce à l’écosystème. Notre part chez Bio A Pro c’est de trouver des débouchés. Nous ne sommes pas un distributeur classique. Nous sommes référencés chez nos clients, nous faisons en sorte de développer la bio locale, d’être innovants dans nos métiers pour avoir le moins d’impacts possible sur l’environnement.

As-tu un exemple d'engagement responsable ?

Un exemple récent sur le volet du transport, est celui du marché de la restauration des crèches sur la ville de Lyon où nous sommes attributaire de 3 lots sur 5, avec la viande, les produits laitiers et l’épicerie. Cela représente 50 crèches, 46 semaines de repas dans l’année. Je souligne au passage que la commande publique a un rôle, ici on prouve que l’on est capable d’offrir un repas équilibré, bon et sain aux enfants.

La livraison à Lyon est très compliquée, mais on a réussi à mettre en place une livraison en vélo-cargo, avec des caisses 100 % réutilisables ce qui évite beaucoup de déchets ! Au bout d’un an et demi c’est devenu fluide, car il a fallu acculturer nos acteurs partenaires. C’est un changement de mentalité que l’on propose, et l’on accompagne le changement des personnes qui sont sur ce marché.

C’est un engagement de tout le monde de prendre soin des caisses, pour nous c’est plus cher, aussi plus de contraintes sur les normes sanitaires, la traçabilité etc. On a développé ça sur quelques clients mais ce n’est pas encore sur la majeure partie.

En tout cas, on est à l’écoute sur ce qui se fait de moins polluant, de plus économiseur de ressources. 

Notre rôle est de montrer que c’est possible et que le possible est souhaitable.

Les Fondateurs de Bio A Pro l’ont démontré concrètement : on va chercher les produits, on les met sur une palette et on approvisionne, avec un changement d’échelle progressif. Le sujet de fond que l’on traite c’est notre souveraineté alimentaire.

Tout ça dans la bonne humeur. C’est joyeux de travailler ici, on pérennise des emplois sur des fermes, on est porteurs d’optimisme !

La transition écologique est souhaitable, pas punitive !

Est-ce que c'est un choix militant d'avoir Enercoop comme fournisseur d'électricité ?

Militant ? Pas vraiment, ça devrait être la norme.

On trouve important d’être en cohérence sur nos valeurs, en choisissant Enercoop on l’est car on défend les énergies renouvelables. On réfléchit également à nos impacts de façon globale et on vise la cohérence sur l’ensemble de nos activités qui nécessitent toutes de l’énergie.

On a monté un projet d’intérêt collectif ! Nous ne sommes pas une entreprise à impact ou autre titre « vert », notre cohérence elle se porte au niveau juridique et dans les choix qu’on incarne.

Est-ce que ce choix impacte votre manière de consommer l'électricité ?

Ça l’a été dès le départ, on fait toujours attention. Ce qui consomme le plus ce sont les chambres froides qui représentent un double enjeu : sécurité et sanitaire. On doit maintenir la température à un certain niveau, fixé par la loi. Ce que nous faisons pour économiser de l’énergie c’est bien fermer les portes, ne pas allumer certaines chambres froides et distinguer les besoins de stockage des produits.

Un dernier message pour nos lecteur·ices ?

La transition est possible : faire et montrer que c’est faisable, je suis intimement persuadée que c’est la voix à suivre et pas que pour les bac+5, le futur est pour tout le monde, on se doit d’embarquer tout le monde ! Autour de Bio A Pro des profils très différents travaillent ensemble, sortir de l’entre soi c’est l’avenir ! L’écologie bourgeoise ne fonctionne pas et créé l’effet inverse.

Il faut montrer que l’écologie s’ancre sur les territoires, que c’est concret, que les solutions heureuses sont pour tout le monde.  

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