Energy'Citoyennes Un partenaire et ami de notre bureau d'études solaire

Energ’Y Citoyennes est un acteur incontournable de notre écosystème solaire ! Fabienne Mahrez, sa présidente, nous présente le collectif et sa relation avec Enercoop Auvergne-Rhône Alpes.

Pouvez-vous vous présenter : votre rôle, vos engagements…

Je suis co-fondatrice d’Energ’Y Citoyennes qui existe depuis 8 ans, je suis impliquée sur le projet depuis 9 ans, avec au départ un rôle sur la reprise en main citoyenne des énergies et de notre épargne : d’où vient l’énergie que nous consommons, comment la consomme-t-on, que fait notre argent quand on pense qu’il dort... Et pourquoi pas connecter un circuit court de l’énergie et un circuit court de l’épargne ?

Pour le flashback et comprendre d’où je parle, je précise que j’avais co-fondé Alternatiba Grenoble en vue de la COP21, nous avions initié le Village des Alternatives et j’étais déjà à l’époque investie sur les domaines de la finance éthique et de la production d’énergie. Ce sont deux sujets qui m’intéressent depuis longtemps. Progressivement, je suis arrivée sur la partie mobilisation citoyenne, du territoire, sur les enjeux de l’économie locale, des emplois locaux etc.

Depuis fin 2023 je suis présidente d’Energ’Y Citoyennes et j’ai acquis des compétences plus techniques sur l’énergie. J’anime notamment des ateliers sur l’énergie solaire pour former nos nouveaux bénévoles qui à leur tour vont développer des projets solaires, sensibiliser, transmettre leurs connaissances. Nos actions font monter en compétences le territoire et ses acteur·ices comme nos collectivités, les bailleurs sociaux, etc... avec qui nous développons nos projets.  Cela permet d’aller au-delà du sujet de sa facture d’électricité : savoir qu’on peut produire localement de l’énergie et comprendre de qui/quoi on dépend derrière la prise !

Comment fonctionne Energ’Y Citoyennes ?

Energ’Y Citoyennes est formée en SAS (Société par actions simplifiée). Cette entreprise a été créée en 2016 par des habitants et des collectivités, dans son capital peuvent entrer des citoyen·nes, des entreprises, des collectivités.

On appelle nos actionnaires des « associé·es » car en s’engageant avec nous ils/elles sont associé·es à une démarche de transition énergétique du territoire. La majorité des associé·es arrive par le bouche-à-oreille et ça marche ! Nous sommes à ce jour 500 associé·es !

Le choix du statut juridique s’est porté sur la SAS car en 2016, nous attendions un décret pour que les collectivités puissent prendre des parts dans d’autres structures que des SEM (Société d’Economie Mixte). De plus, la SAS permet d’écrire librement des statuts, et nous souhaitions avoir des statuts coopératifs. Nous avons des collèges pondérés, avec le principe 1 personne = 1 voix. Celui qui a le plus de poids est le collège des citoyens.

Pour l’instant, nous ne distribuons pas de dividendes. La valeur nominale de notre part sociale est fixée à 100 euros, et les actions achetées sont bloquées 5 ans. Depuis 3 ans nous votons en assemblée générale une prime d’émission d’environ 3 % par an, car notre entreprise prend de la valeur – nous sélectionnons les projets pour que ce soit viable. Quand un·e associé·e revend ses parts, elle ou il récupère sa part + sa prime d’émission. Depuis juin 2024, la part vaut 110 euros.

Nous avons une 30aine de bénévoles, avec chacun·e des niveaux d’implication différents selon le temps qu’elles et ils ont à nous accorder. Ça nous a poussé·es à prendre un AMO (Assistance à maitrise d’ouvrage), parce que dans la coordination des projets nous avons besoin de travailler en journée avec des professionnels, alors que nos bénévoles donnent de leur temps plutôt le soir et/ou le week-end. De plus, l’arrivée d’un AMO est bénéfique car cela permet à tout bénévole de suivre un projet de A à Z grâce à des professionnels formés.

Quelle est l’activité d’Energ’Y Citoyennes ?

Le cœur de notre activité est l’investissement dans des centrales photovoltaïques et dans des réseaux de chaleur bois énergie avec notre partenaire ForestEner, dont on est actionnaire. On lève des fonds pour le PV et la chaleur bois.

Sur le PV, Energ’Y Citoyennes est propriétaires et exploitante. Sur le PV toiture, on loue le toit d’un propriétaire de bâtiment, on installe puis on exploite la centrale. Pour financer la centrale, on vend l’électricité. On lève 25 % de ce qu’on investit via des levées de fonds annuelles et on emprunte les 75 % restants. Avec la revente de l’électricité on rembourse nos emprunts, on paie nos charges, on distribue de la valeur.

Notre collectif citoyen est composé de 2 structures : la SAS et une association. La SAS travaille avec Enercoop AURA.

Des faits marquants dans la vie d’Energ’Y Citoyennes ?

Notre collectif citoyen a été bousculé par deux évènements critiques, le covid d’abord : qui fut un électrochoc ! On a vu nos associés et bénévoles qui ont commencé à se poser beaucoup de questions en voyant des choses très concrètes qui reflètent notre monde qui marche sur la tête, par exemple les rayons vides au supermarché ou les questions d’approvisionnement en énergie. On a vu pas mal de personnes acheter des parts chez nous car notre projet a du sens pour leur argent et leur territoire.

Puis il y a eu la crise énergétique de 2022 qui a secoué les communes, qui ont dû se prendre en main. Leurs tarifs ont explosé, sans bouclier tarifaire, elles ne pouvaient plus payer leurs factures.

Tout cela a remis le sujet de l’énergie au centre du village. Sans compter la guerre en Ukraine et la dépendance au gaz russe. En Europe on ne produit pas de pétrole, pas de gaz ni d’uranium…

La question des ressources locales revient assez vite dans le débat ! La montée en compétences d’un territoire, en plus d’une participation à une résilience énergétique pousse à faire avec les ressources locales qui sont des biens communs. C’est aussi révélateur d’une volonté de ne plus vouloir uniquement dépendre de multinationales avec des actionnaires à rémunérer.

Energ’Y Citoyennes et Enercoop AURA : toute une histoire

Quand on installe du PV sur du neuf, nous ne faisons pas appel à un AMO car il n’y a rien à coordonner. Le PV est déjà inclus dans les plans d’architecture et il y a peu d’intervenants impliqués dans la construction de la centrale solaire.

Mais sur des bâtiments existants, on a besoin d’un AMO car on a plus d’étapes et d’intervenants pour mener à bien la construction. Le point de contact avec Enercoop AURA dans ce rôle d’AMO c’est Frédéric Marillier, votre DG, et il fait partie de nos bénévoles ! C’est de la sororité 😉.

Depuis 2019, tous nos projets sur des bâtiments existants font appel à Enercoop AURA comme AMO, pour les bâtiments neufs cela va dépendre de la complexité du projet.

Nous revendons également une partie de notre électricité à Enercoop ! C’est le cas de la centrale PV de la Maison des Sports de La Tronche depuis 2021 et également de la centrale PV de la Maison de la Musique de Meylan depuis le 1er janvier 2025 !

Avec Enercoop AURA en posture d’AMO, nous avons dernièrement équipé la nouvelle école Anne Sylvestre à Grenoble. Le projet étant complexe à coordonner, nous avons eu besoin de cet intermédiaire.

La pose des panneaux a démarré en avril 2023, pour une mise en service en juillet 2024.

Travailler avec Enercoop AURA c’est comme être chez nous, nous faisons partie de la même famille de valeurs : la réappropriation énergétique par les territoires, par les habitant·es. Nous portons ensemble une autre façon de penser et de vivre l’énergie.

Energ’Y Citoyennes dans l’avenir

Pour continuer notre développement, depuis cet automne, nous avons recruté 1 salarié : Adrien ! Il a deux missions principales : travailler sur notre dynamique bénévole et notre développement territorial. Nous nous donnons les moyens de nous structurer pour aller plus loin !