Le collectif citoyen drômois dwatts : une énergie débordante !

Pouvez-vous vous présenter : votre rôle, vos engagements

Je suis Président Directeur Général de dwatts depuis 2020 et Responsable développement de Impuls’ER.

Impuls’ER, société de bureau d’études et de développement cocrée par dwatts et Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes en 2019, accompagne les territoires de la Drôme et les départements limitrophes sur leurs projets de transition énergétique.

Je suis ingénieur, installé à Die depuis 10 ans, avant je travaillais déjà dans les énergies renouvelables mais dans le privé classique. En m’installant dans la Drôme j’ai saisi l’opportunité de m’engager. C’est-à-dire dans des rapports coopératifs, citoyens, alternatifs mais toujours dans les EnR. Je suis également président de l’association Énergie Partagée.

À Die il se passe beaucoup de choses côté alternatives. Je me suis investi dans un tiers-lieu coopératif de la Transition, qui s’appelle l’Avant-Poste, client Enercoop 😉. L’Avant-Poste est une SCIC qui a racheté un bâtiment de 700m2 dans le centre-ville, en a fait sa rénovation thermique financée par dwatts d’ailleurs. Il y a un espace de coworking, 4 appartements, des espaces loués pour des structures de l’ESS, 2 chambres étudiantes, 1 restaurant et 2 salles d’activités !

Quelle est l’activité de dwatts ?

dwatts existe depuis fin 2016 en statut associatif d’abord, mais depuis 2017 nous sommes une SCIC, avec plus de 200 sociétaires et tous nos membres sont bénévoles. Nous sommes dans la vallée de la Drôme.

Historiquement on a commencé avec du photovoltaïque dans un moment où il y a eu une mouvance de grappes PV qui ont émergé un peu partout.

Puis en 2019 on a diversifié nos activités : en bois énergie, où l’on va chauffer par exemple des résidences pour séniors, des centres de vacances, des écoles etc. On se positionne également sur l’efficacité énergétique et on a lancé de l’éolien avec Enercoop AURA. Nous avons à cœur de développer toute une animation d’actions territoriales. Car pour que la transition énergétique soit massive il nous faut un récit commun et du lien.

Comment fonctionne dwatts ?

Comme nous sommes une SCIC, nous fonctionnons selon des principes coopératifs qui guident l’application de nos valeurs telles que l’entraide, la démocratie, l’égalité, la solidarité.

Nous avons créé 5 collèges dans la gouvernance : les habitant·es et acteurs locaux, les Communautés de communes de Biovallée, les professionnel·les locaux de l’énergie (tous ces collèges détiennent 75 % de la gouvernance), les soutiens et pour finir, les investisseurs extra-territoriaux.

Nous avons aussi un comité d’investissement qui peut émettre un avis négatif sur certains investissements.

Pour préciser notre fonctionnement de SCIC SA, notre gouvernance s’articule autour de deux collectifs différents : le directoire, composé de 5 personnes physiques qui dirigent et le conseil de surveillance composé de 10 personnes morales et physiques pour surveiller la gestion faite par le Directoire.

Combien de projets PV avez-vous dans la vallée de la Drôme

Sur le territoire nous affichons une 60aine de projets photovoltaïques que l’on a développés et que l’on exploite. Cela va de la petite école avec 30 m2 de panneaux à un site industriel avec société de projet où y a 2x2000 m2 de panneaux.

Mais à l’heure actuelle nous nous concentrons sur les moyens/grands projets de toitures.

Qu’est-ce qui fait sens entre dwatts et la région ?

Le fil conducteur ça reste bien sûr la Drôme, depuis longtemps c’est une vallée où les acteurs se sont pris en main, il existe beaucoup d’initiatives, beaucoup d’engagement politique et citoyen. Notamment dans l’association Biovallée qui regroupe des acteurs locaux autour d’un territoire exemplaire sur l’écologie. Le contexte est favorable par rapport à d’autres territoires car persiste un engagement dans la durée sur la question écologique.

Un cercle vertueux est amorcé dans ce territoire attractif, à la fois beau et engagé, même si un travail de conviction et d’explication reste à faire en allant rencontrer les gens.

Quel(s) enjeu(x) d’être un collectif citoyen pour dwatts ?

C’est assez mélangé ce que ça peut provoquer. Ça peut amener une certaine confiance parce que l’enjeu territorial n’est pas de s’enrichir mais aussi de la défiance des collectivités. Parce que toute initiative citoyenne vient chambouler leur représentation de la démocratie, de la capacité d’agir des gens. Et c’est vrai aussi parmi les habitant·es : il y a une partie pour qui on est sympathique, parce qu’on est locaux, que l’on crée des relations et tisse des liens avec plein de personnes. Nous récoltons beaucoup de réactions bienveillantes.

On arrive à avoir un positionnement qui recherche la compréhension des choses, au travers d’un discours très nuancé et pas dogmatique, on joue sur cette corde-là.

Pour des projets de parcs PV au sol par exemple, ça passe mieux quand ça vient du collectif citoyen parce qu’il y a du sens dans ce qu’on fait. Nous expliquons les limites de l’impact, ce qui est faisable ou non. Nous tenons un discours nuancé, et transparent. Nos bénévoles ont des profils très différents et arrivent à se mettre d’accord pour travailler ensemble car la question qui se pose c’est « quel est le PV au sol qu’on veut voir ? » .

Comment s’est faite la rencontre avec Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes ?

En 2022 dwatts a installé des panneaux PV sur les toitures du nouveau siège du Groupe Vincent à Livron. Nous étions en portage commun avec ce dernier et la SEM V2D. Ce portage a débouché sur un partenariat avec Impuls’ER, la société créée par dwatts et Enercoop AURA.

Impuls’ER est la boîte à outils commune de dwatts et d’Enercoop AURA sur éolien par exemple. C’est ce qui va nous permettre de faire de la prospection pour du PV toiture et du PV au sol, ou bien de la prospection et/ou des études sur l’éolien, ou encore de la concertation…

À quoi ressemblent les projets avec Enercoop AURA ?

Du côté de dwatts nous sommes en lien avec le cercle Production et le Bureau d’études d’Enercoop AURA. Avec le Bureau d'études solaires de la coopérative, nous avons travaillé de manière conjointe sur un projet de 440 kWc sur des ombrières et bâtiments. Avec le cercle Production nous développons à Aouste-sur-Sye un petit parc au sol. Il intégrera une boucle d’autoconsommation avec la commune et l’association Vivre à Fontlaure, un institut médico-éducatif et maison d’accueil pour des personnes en situation polyhandicap.

Nous avons aussi contractualisé avec Enercoop en tant que fournisseur d’électricité via une de nos installations en autoconsommation collective, de 270 kWc, qui vend sa production solaire à Enercoop.

Je peux citer aussi notre structure commune, Impuls’ER, qui intervient sur le volet développement des moyens de production. Avec notamment une amorce d’études pour de l’énergie éolienne sur vallée de la Drôme mais ce n’est pas simple.

Pour dwatts, quelle est la valeur ajoutée de se présenter en groupement citoyen face aux communes ?

Toutes et tous ensemble nous sommes un outil du territoire monté par des citoyen·nes avec une gouvernance coopérative, une culture de la transparence. Cela inspire de la confiance à pas mal d’élu·es, d’autant que la façon dont on opère, on inclut les acteurs locaux.

De plus, la démocratisation de l’accès aux moyens de production peut s’accompagner d'éducation populaire, alors on essaie ;).

dwatts dans l’avenir

On développe beaucoup l’auto-consommation collective ! On mise sur de la production d’EnR et du circuit court avec l'ambition portée collectivement de participer de l’ordre de 30 % aux objectifs TEPOS sur le territoire.

L’avenir sera aussi axé sur l’efficacité énergétique et la sobriété, où l’on est peu présent·es pour le moment, mais il y a une amorce, ça commence à petite échelle !