La commune de Saint-Amant-Tallende (63),
engagée pour l'écologie sociale, accueille un parc solaire au sol
Notre coopérative développe de nouveaux moyens de production, en coopération avec les territoires. À Saint-Amant-Tallende (63), un parc solaire au sol sera installé à l'emplacement d'une ancienne décharge. Florence Lhermet, adjointe à la mairie Chargée de Développement Durable, nous livre son engagement et celui de la commune pour faire rayonner l'écologie.
Pouvez-vous vous présenter : votre rôle, vos engagements personnels ?
Je suis adjointe à la mairie, Chargée du Développement Durable depuis 2020. La Maire de Saint-Amant-Tallende, Nathalie Guillot, a une forte sensibilité aux problématiques environnementales, intégrer le développement durable était comme une évidence.
Nous l’avons organisé sous forme de délégation transversale, par laquelle tous les projets sont regardés sous l’angle environnemental, pour faire au mieux avec nos objectifs de sobriété énergétique, de protection de la biodiversité. Que ce soit petit ou grand projet on essaie de voir comment on peut faire de la manière la plus vertueuse possible.
À côté j’ai plusieurs casquettes.
Je suis Vice-Présidente du Sictom Des Couzes, qui est le Syndicat de Collecte des Ordures Ménagères et Vice-Présidente du syndicat Territoire d'Énergie Puy-de-Dôme qui s’engage pour les énergies renouvelables.
Et enfin, membre fondatrice de l’association Arverne Durable, créée à l’échelle inter-communale de la Communauté de Communes Mond’Arverne. Nous avons la volonté de créer une coopérative citoyenne, comme Combrailles Durables. Pour le moment nous menons surtout des actions de sensibilisation.
Pouvez-vous présenter votre collectivité et son rôle dans la transition ?
Géographiquement, Saint-Amant-Tallende est une petite commune, avec un peu moins de 1800 habitant·es. Nous sommes sur une toute petite superficie, en périphérie de Clermont-Ferrand. La ville est coincée dans une vallée, entre deux rivières (la Veyre et la Monne) et la montagne de la Serre et le Puy de Peyronère.
Notre commune a mis en place diverses actions autour de la gestion des déchets : en donnant des poules, en installant une plateforme de broyage, des composteurs partagés, en mettant à disposition un poulailler partagé avec la maison de retraite en co-gestion avec un collectif citoyen, et également un poulailler à l’école.
Sur le volet biodiversité plusieurs choses aussi ont (re)vu le jour. Nous avons le permis de végétaliser qui est un dispositif qui permet à chaque habitant·e de s’approprier des parties de l’espace public, des éco-pâturages qui remettent au cœur de notre territoire l’agriculture locale. Avant nous avions plein de petites parcelles exploitées mais qui ont disparu car le modèle économique n’était plus viable… Aujourd’hui nous reprenons la main sur le foncier grâce à la création d’une association foncière agricole. Nous relançons le maraichage, favorisons un marché de producteurs dans le village.
Comme autre axe, nous avons l’aspect énergétique. Mais nous n’avons pas attendu la crise énergétique pour réfléchir à une stratégie, nous avons commencé dès le début de notre mandat en 2019.
Depuis, nous avons réduit de -40 % notre consommation énergétique pour l’éclairage public entre 2019 et 2022. Nous avons aussi entrepris la rénovation énergétique de la salle polyvalente ce qui a donné un résultat de - 68 % entre 2017 et 2022. Tout cela a été croisé avec des actions de sensibilisation à de meilleures pratiques auprès des agents communaux, notamment sur la réduction des consommations d’eau.
photo : le terrain qui accueillera le futur parc solaire coopératif d'Enercoop AURA à Saint-Amant-Tallende est une ancienne décharge.
Dans quel cadre avez-vous rencontré Enercoop AURA et ses partenaires ?
La question nous est venue naturellement de savoir comment on pourrait produire de l’énergie, autrement que sur les toits, car nous avons des contraintes d’architectures remarquables (3 châteaux, 1 ancien couvent, 1 église).
L’ancienne décharge est apparue comme étant une solution. Nous avions essayé de renaturer l’espace mais la DREAL a conclu que le site est beaucoup trop pollué. A notre échelle communale sa dépollution est trop chère, alors nous nous sommes tourné·es vers la solution du parc solaire, qui est pertinent au regard de la superficie de l’espace et donc de la quantité d’énergie produite.
Le hasard a fait que Combrailles Durables et Enercoop AURA m’ont contactée, c’était parfait car ce sont deux acteurs sérieux qui montrent des garanties sociales, environnementales, citoyennes.
Pourquoi avoir choisi notre coopérative ?
En tant que vice-présidente de TE63, je vois ce que c’est que la spéculation sur l’énergie. Selon moi, il est nécessaire que les collectivités et citoyen·nes se réapproprient la question, elles et ils ont un vrai rôle à jouer.
Je suis très heureuse que Saint-Amant-Tallende porte ce projet d’énergie renouvelable. Je trouve cela superbe d’être accompagnée par des acteurs citoyens de production d’énergie. Cela rentre dans ce que je défends.
Pour rappel, de quoi est-il question avec ce projet de parc solaire au sol ? Quels intérêts de choisir ce terrain ?
Notre projet est issu de la volonté de valoriser un foncier dégradé et sans usage économique ou agricole. Il sera implanté à la sortie de la ville, sur une ancienne zone de dépôt de déchets inertes. La zone accueillera une centrale de 660 kWc pour produire l’équivalent de la consommation électrique de 270 foyers. Ce qui correspond à 1/3 de la consommation des foyers hors chauffage.
La décharge a été fermée dans les années 80/90 puis est devenue une zone pour gravats. Nous avons dernièrement fait déposer de la terre végétale pour niveler le terrain et le rendre praticable.
De plus, comme la zone est au bord d’une route, il a été décidé, avec Enercoop AURA, de planter une haie au nord du parc pour améliorer la vue et puis cela ramènera sans doute un peu de biodiversité !
La centrale photovoltaïque durera au minimum 30 ans, elle est éphémère, à l’issue du contrat l’espace pourra avoir peut-être une autre utilisation. Nous verrons de quelle manière la faune et la flore se développent d’ici là.
Est-ce que cela a été bien accueilli par les habitants ?
Nous avons eu peu d’échanges avec la population. La première réunion d’information en septembre s’est très bien passée, ce sont des personnes déjà très convaincues qui se sont déplacées.
Nous avons tout de même communiqué, essayé d’être transparents (avec des flyers, réunions d’info, le bulletin communal, des affiches). Globalement, les riverain·es autour sont très engagé·es dans ce genre de démarche, elles et ils sont content·es que la haie soit négociée. Ce sera une haie vive pour avoir un peu de biodiversité et avoir une intégration paysagère de la centrale.
Quelles sont les projections de la commune en termes de transition écologique ? Vers quel modèle de vie ?
Nos têtes sont remplies de plein de projets ! Il y a le projet de réseau de chaleur, un autre de PV toiture, et ombrière – l’objectif : être un jour une commune à énergie positive !
Nous essayons également de travailler à l’auto-suffisance alimentaire. Historiquement notre territoire était agricole. Vu les enjeux écologiques, nous souhaitons revenir vers ça pour contribuer à l’effort de relocalisation. Tout en sachant que pour atteindre 50 % de l’autonomie alimentaire du grand Clermont il faut 4000 ha supplémentaires…
Personnellement, je m’étais lancée un défi début 2020 : avec le livre de Julien Vidal « ça commence par moi ». Un petit groupe sur Instagram avait lancé « le mois sans supermarché » et ça m’a marquée. Alors j’ai testé et j’ai réussi ! Cette expérience, que je poursuis encore depuis 3 ans, m’a montré qu’il faut faciliter l’approvisionnement des habitant.es.
Ce que je constate à mon niveau c’est qu’en n’allant plus au supermarché, j’achète moins, je reste sur l’essentiel, je cuisine plus. Cela me revient même moins cher !
À Saint-Amant-Tallende nous avons la chance d’avoir un bon tissu commerçant et associatif qui créé du lien social. La nouveauté cette année c’est l’ouverture d’une librairie-café indépendante. Je crois beaucoup en ce modèle de proximité.
Malgré tout nous sommes influencé·es par le réseau commercial de Clermont et ses facilités, nous essayons de résister à son attraction. En faisant cela, on se rend compte que nous sommes conditionné·es par une société qui pense à notre place : il faut changer notre logiciel de pensée pour réapprendre à faire par nous-mêmes.
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