Publié le lundi 3 février 2025

La SCOP Alma : des défis du numérique au tellurique

SCOP Alma photo de groupe

Alma est une SCOP discrète mais ô combien inspirante ! Derrière ses métiers du numérique se révèlent des valeurs citoyennes et bien ancrées dans le réel. Découvrez Alma, cliente-sociétaire Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes à travers les témoignages croisés de Sylvain et Sébastien.

Pouvez-vous vous présenter, votre rôle chez Alma

Sylvain : Je suis Responsable communication chez Alma, avec un périmètre de communication institutionnelle, interne, marque employeur, également en appui marketing. J’ai effectué toute ma carrière chez Alma, j’ai donc une vision historique du groupe. 

Sébastien : Je suis en charge de la coordination de la commission Environnement depuis 3 ans environ. Comme métier au quotidien, j’exerce en tant qu’ingénieur support au sein de l’activité logiciels CFAO qui s’applique au pilotage des machines de découpe.

Quelle est l’histoire de Alma ?

Sylvain : La création d’Alma est liée au numérique. En 1979 la SCOP est créée par des chercheurs en mathématiques appliquées de l’Université de Grenoble qui développent des logiciels d’optimisation de processus industriels. Elle est une passerelle entre recherche et industrie. Depuis Alma s’est beaucoup diversifiée.

Aujourd’hui nous avons 4 métiers qui sont : l’édition des logiciels industriels (avec une forte présence à l’international), l’édition de logiciel dans la santé, le développement d’applications collaboratives et les services autour des systèmes et réseaux. Alma a toujours été portée par un esprit de recherche et d’innovation, en rebondissant sur les avancées de l’informatique : le développement de la micro-informatique, l’arrivée d’internet, le Cloud, la e-santé, etc.

Le statut SCOP : comment cela se manifeste en interne ?

Sylvain : Le statut SCOP dès l’origine est un choix délibéré avec une volonté politique, pour associer des personnes aux profils différents et mettre tout le monde au même niveau. Alma est très attachée à ce modèle coopératif, qui a évolué pour adapter la gouvernance à l’organisation. Assez vite nous avons opté pour une organisation décentralisée sur la base de « Scopettes », des équipes composées de 10 à 50 personnes qui disposent d’une autonomie opérationnelle.

Les Scopettes sont calquées sur nos activités, il y en a 5 au total. Elles reflètent la diversité de nos métiers, à travers des équipes plus petites pour rapprocher les collaborateur·ices des décisions. Elles sont intégrées à notre gouvernance, on formalise ainsi l’idée de réunir les personnes autour d’un objectif commun.

En fait, nous nous considérons un peu comme une petite république ;)

Avec la gouvernance partagée, le principe 1 personne = 1 voix… notre culture est démocratique.

Nous nous retrouvons complétement dans le fait qu’en plus de placer les personnes au centre, la Scop est en quelque sorte au-dessus des personnes qui y travaillent, c’est un bien commun destiné à être pérennisé.  

Alma se développe avec à la fois de la croissance organique et de la croissance externe, mais sans volonté « prédatrice » de prise de contrôle, avec au contraire le souci constant d’associer les nouvelles équipes à la marche du groupe, de pérenniser leurs savoir-faire, de renforcer l’investissement et l’innovation ainsi que l’épanouissement des salariés.

Nous avons aussi créé des filiales à l’étranger pour revendre nos logiciels industriels dans les pays où elles sont basées (en Allemagne, Italie, Brésil, Chine…).

Alma gouvernance partagée

Et votre impact environnemental ?

Sylvain : Alma est surtout composée d’ingénieur·es d'abord passionnés par le challenge technique, la question environnementale était encore peu présente il y a encore 5 ans. La prise de conscience s’est produite autour de 2020, et on a formalisé collectivement une démarche environnementale. 

Sébastien : La commission Environnement a pour but d’amener les sujets environnementaux dans Alma, que ce soit par le biais de communication ou par le fait de proposer des projets pouvant porter sur des choix structurants ou des gestes du quotidien. Même si le carbone n’est pas l’unique sujet, il a l’avantage d’être connu et mesurable, nous avons donc fait un bilan qui nous a permis d’identifier des priorités : la mobilité, notre bâtiment, l’énergie, les placements éthiques (par exemple avec La Nef).

Mais nous avons aussi en tête d’autres sujets comme la biodiversité, la reconnexion entre les humains et les autres êtres vivants… par exemple, juste avant le confinement, on a acheté un terrain pour construire nouveau bâtiment. Finalement avec la nouvelle organisation, comme le télétravail, on a décidé d’en faire autre chose : un jardin forestier !  Cet espace est devenu un refuge pour la biodiversité, labellisé LPO (nous avons pu installer des abris pour les oiseaux, faire une mare etc.). Sur ce projet de jardin nous sommes aussi en partenariat avec l’UGA, dans le cadre duquel une étudiante en master biodiversité a étudié le terrain. Ce lieu a aussi une vocation pédagogique. Le projet a été lancé il y a 4 ans et a embarqué beaucoup de monde chez Alma. La décision de ni construire ni revendre ce terrain mais de le garder en l’état est forte. En plus, nous sommes dans une zone d’activité, cela contribue au bien-vivre de tous·tes. 

Pour nos bâtiments à Saint-Martin d’Hères, nous allons plutôt rénover et utiliser l’espace de manière plus efficace que construire.

Mais le bâtiment, l’énergie etc., tout cela est périphérique à nos métiers. Pour réfléchir non seulement à la façon dont nous produisons, mais également à ce que l’on produit, Alma a participé à la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC), l’édition régionale Alpes, en 2023. Cela a permis de réfléchir à nos métiers par le prisme de l’économie régénérative. La plupart des limites planétaires sont dépassées alors même que beaucoup d’humains ne bénéficient pas d’un niveau de vie décent, il faut que l’on parvienne collectivement à revoir l’économie pour lui faire intégrer le respect de l’autre. Que l’autre soit un être humain à l’autre bout du monde, un être humain à venir, mais aussi n’importe quel autre être vivant.

Si la CEC nous encourage à nous « reconnecter » au vivant, je pense que c’est pour redécouvrir, comprendre et respecter l’altérité ! C’est ambitieux et compliqué. D’ailleurs, on ne prétend pas aujourd’hui avoir toutes les clés pour réussir à atteindre un modèle régénératif.

Sylvain : pour se donner un cap et le tenir, on a également développé des indicateurs de « performance » extra-financiers, construits sur les 4 piliers de la citoyenneté économique :

·        La vie démocratique (le partage du pouvoir et des décisions) 

·        La répartition de la valeur créée et la pérennité de l’entreprise  

·        L’épanouissement et l’émancipation des personnes

·        La contribution citoyenne, sociale et environnementale 

Cela alimente notre démarche d’amélioration et est cohérent avec la vision que nous portons, que l’entreprise a un rôle citoyen dans son écosystème.

SCOP Alma refuge biodiversité

Une raison d’être pour Alma ?

Sylvain : Nous l’avons formalisé ainsi : « Alma est une entreprise coopérative du numérique qui cherche à concilier développement économique pérenne et épanouissement des personnes. Nous la construisons collectivement en mettant toutes nos expertises au service de nos clients et en ayant à cœur de contribuer à une économie citoyenne. »

Comment articuler l’esprit/fonctionnement SCOP à l’international ?

Sylvain : Nos filiales n’ont pas le statut de SCOP, mais on essaie de promouvoir l’esprit et les principes coopératifs. Un point important est qu’on ne remonte aucun dividende de nos filiales, elles ont vocation à se développer économiquement sur leur territoire.

Nous tentons d’impliquer les personnes dans les décisions, on partage les résultats quand c’est possible. On ne veut pas se déconnecter de notre culture d’entreprise ! 

2025 est l’année internationale des coopératives des Nations Unies, on en profite pour communiquer dessus pour englober nos filiales car elles adhèrent aux principes et au modèle.

Comment avez-vous connu Enercoop et pourquoi avoir fait ce choix ?

Sylvain : La mise en relation a eu lieu en 2017. Déjà, il y avait une forme de sensibilité écologique, pour l’énergie douce, et puis c’est une solution facile pour mettre un pied dans un début de solution écologique, encore mieux quand la solution est aussi une coopérative, cela fait sens car nous faisons réseau ! Donc c’était un choix fluide, on était aligné·es. Nous avons commencé par alimenter notre plus gros site, celui du siège social à Saint-Martin-d’Hères, puis nos agences à Nantes, Tarbes et Lyon par la suite.

Alma est également sociétaire Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes, ça s’est fait naturellement, comme avec Citiz Auvergne-Rhône-Alpes.

Est-ce que ce choix impacte votre manière de consommer l'électricité ?

Sébastien : Dans un sens oui, car on s’est acculturé au sujet de l’énergie et à ce qu’il y a derrière la prise ! On a profité d’être chez Enercoop pour vous inviter à l’Alma café, pour partager vos valeurs militantes en interne. Et de fil en aiguille, amener aux collaborateur·ices l’opportunité de changer de fournisseur, qui revendique une énergie citoyenne qui plus est ! Tout en réaffirmant notre volonté de sobriété énergétique, qui va de pair avec les engagements d’Enercoop.

De plus, récemment on a fait installer des panneaux photovoltaïques, avec lesquels on autoconsomme ce que l’on peut. Et comme dit tout à l’heure, on a le projet de rénovation du bâtiment et de changer notre système de chauffage.

Un dernier message pour nos lecteur·ices ?

Sébastien : J’ai un conseil lecture ! « Et si ? Libérer notre imagination pour créer le futur que nous voulons » de Rob Hopkins. Considérer que là où y a de la volonté, de faire ensemble, ça ouvre le champ des possibles !

Sylvain : En ce moment je cogite sur ce qu’écrit Olivier Hamant, qui nous invite à repenser notre relation au monde vivant à travers le prisme de la robustesse. La robustesse des structures organiques permet de voir loin, d’être résilient. C’est une critique du culte de la performance, de l’ultra-libéralisme qui mène à des impasses écologiques. Le vivant est robuste précisément parce qu’il n’est pas performant !

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