Publié le jeudi 28 juillet 2022

Débunkons 2 idées reçues sur les EnR - Épisode 2

Quand on parle d’énergies renouvelables (EnR), un certain nombre d’idées reçues ont (toujours) la peau dure. Cet été, Enercoop vous propose de vous pencher sur ces idées reçues et de les démystifier - ou les débunker ! Aujourd’hui, regardons 2 nouvelles idées reçues qui nous reviennent régulièrement : 1/ Les EnR sont intermittentes et donc inutiles 2/ L’électricité d'origine renouvelable ne se stocke pas.

1/ Les EnR sont intermittentes et donc inutiles

Certaines énergies renouvelables ont une production dite “variable” c’est à dire qu’elle n’est pas la même en fonction de différents facteurs. Les 2 énergies les plus concernées par ce fait sont l’éolien et le solaire.

  • En fonction des conditions météorologiques, une installation renouvelable n'aura pas une production constante. Cette production variable n'en est pas moins cyclique, et donc prévisible. La variabilité est une réalité prise en compte et qui peut être anticipée de plusieurs manières. D’une part, par l’effet de foisonnement du parc total : plus il y a d’installations réparties à différents endroits d’un territoire, profitant ainsi des conditions locales pour produire, plus le rendement global du parc total augmente. Par ailleurs, les EnR sont complémentaires entre elles (vent/soleil et hydroélectrique) et pour ne prendre que l’exemple de l’éolien, il existe peu de périodes sans vent (la France comptant trois grands régimes de vent - continental, atlantique et méditerranéen) et sans aucune autre source renouvelable active.
  • Les éoliennes ne fonctionnent que 25 % du temps” : Les éoliennes françaises tournent en fait 80 % du temps. Ce chiffre de 25 % correspond au facteur de charge, qui signifie qu’elles produisent un quart de la production maximale théorique sur une période donnée. Par ailleurs, les évolutions technologiques font que ce facteur de charge augmente d’année en année ;  les éoliennes en mer en particulier ont un meilleur rendement et leur facteur de charge monte à 40 %.
  • Il ne faut pas oublier que toutes les EnR ne sont pas variables  : la biomasse renouvelable et l’hydroélectrique avec retenue sont pilotables.

La variabilité est un enjeu important, que les défenseurs des EnR ne minimisent pas. Mais des solutions existent, et doivent se développer en même temps que la transition énergétique : foisonnement, EnR pilotables, meilleur pilotage de la consommation, stockage. Surtout, le mix à 100 % d’EnR n’est possible que s’il s’accompagne d’efforts d’efficacité et de sobriété.

Zoom sur la notion de foisonnement. Le foisonnement répond à l'idée qu'il n'y a pas toujours du vent ou du soleil partout, mais qu'il y en a toujours quelque part (à l'échelle d'un pays ou d'une région du monde). C’est pour cela qu’il faut varier les endroits d’installation d’EnR sur un territoire comme l’Europe. Car, par exemple, il ne faut pas se contenter d'éoliennes en Mer du Nord et de panneaux solaires en Espagne, mais en installer des deux un peu partout, c'est ce qui permet d’atteindre cette notion de foisonnement.

Les termes d’”intermittence” et de “variabilité” de certaines EnR ne nous empêchent pas de questionner la fiabilité des autres sources d’énergie. La France est un pays qui importe, pour ses besoins énergétiques, gaz, pétrole, uranium et même charbon. Ainsi, la production d’énergie qui en découle se retrouve en fait conditionnée par les risques politiques et économiques, comme c’est le cas en ce moment avec le gaz dans le contexte de la guerre en Ukraine.

2/ L’électricité d'origine renouvelable ne se stocke pas

“L’électricité ne se stocke pas et les EnR sont variables : cela va nécessairement engendrer des difficultés d’approvisionnement”

Les technologies de stockage de l’électricité existent et se développent d’année en année. Différents scénarios (negaWatt, RTE) montrent d’ailleurs les besoins d'amplification de ces dernières. Tout l’enjeu est de pouvoir garder le surplus produit pendant les pics de production des énergies renouvelables et le réutiliser pour le pic de consommation quand ceux-ci ne sont pas alignés. Voici quelques pistes déjà disponibles pour stocker l’excédent d’électricité produite à une instant T et le réutiliser plus tard :

  • Les excédents de production électrique sont transformés en méthane de synthèse , grâce au “power-to-gas”. Ils peuvent être utilisés directement, pour la production de chaleur ou les mobilités. Le power-to-gas existe aussi avec d’autres technologies, comme l’hydrogène. Dans l’autre sens, la cogénération permet de valoriser la chaleur du gaz renouvelable sous forme d’électricité.
  • Selon RTE, la croissance des renouvelables nécessitera des efforts de “flexibilité” pour pallier la variabilité. Ces efforts de flexibilité se traduisent notamment par l’amélioration des techniques de stockage : hydraulique (STEP), méthane de synthèse issu de la production d’hydrogène par électrolyse (qui a déjà fait ses preuves en Allemagne et au Danemark… et en mer !),... 

Le pilotage de la demande et l’amélioration des interconnexions en France et en Europe sont également des composantes majeures de la flexibilité. l’objectif : équilibrer production et consommation en utilisant plusieurs leviers des deux côtés de la prise !

Quelle que soit la quantité d'électricité que l'on produit ou que l'on stocke, il est essentiel de commencer par réduire la consommation par l'efficacité et la sobriété énergétique !

Retrouvez ici l'épisode 1 et ici l'épisode 3 !

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